Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

Calas-Cabriès

DEUX BEAUX VILLAGES QUI N’EN FONT QU’UN

D'un côté, une grande crèche développée sous une ancienne forteresse... De l’autre, un conglomérat d’habitats paysans où naguère l’ail régnait en maître...

L’un est perché sur une élévation, le « Piton », l’autre, plat comme une limande, est niché en plaine. Les deux ont été propriétés de grandes familles.

Celle de Raymond des Baux, par exemple, les fameux et terribles Comtes de Provence. Il y eut d’autres épisodes entre Calas, lieu paysan, et Cabriès où les notables se réfugiaient à l’abri de sa forteresse, dite aujourd’hui « Le Château », tandis qu’à Calas on travaillait rudement la terre. Voisins en somme, mais séparés par la façon d’exister en société... La révolution tendit à briser ces clivages, de genre et de posture sociale, sans réellement y parvenir. Puis, dans la première moitié du XXe siècle, « Le Château », commença à donner des signes de fatigue. Sans habitant, il dépérissait. Et vint une nouvelle population...

L'absolution avant le péché...

Les ouvriers agricoles investirent Cabriès, côté vigne. Calas demeurait côté ail. Il fallut attendre la deuxième moitié du XXe siècle pour qu’une unification unification s’accomplisse enfin. On la doit à deux hommes d’exception : Raymond Martin, qui fut maire de la doublette pendant plus de quarante ans, tout en occupant la charge de bâtonnier de l’ordre des avocats de Marseille, de même que la responsabilité de Président du SMUC, et à l’abbé Jo Rey qui, en 1958, visionnaire en communication, inventa la célèbre « Bénédiction des Chevaux », le lundi de Pâques. Souvent, dans la matinée qui précédait la bénédiction, le curé recevait chez lui des proches. On buvait des cocktails et cela selon un rituel assez spécial. « Jo » versait d’abord un verre d’Hépatum, sur le thème : « l’absolution avant le péché ».

Commençons donc la visite par Calas, où la maison de Raymond Martin était toujours ouverte aux amis, surtout le jour fameux, en août, du célébrissime aïoli colossal où Monsieur le Maire accordait à des personnages triés sur le volet, le titre de « Chevalier de l’ail »...

Chez les Chevaliers de l’ail...

Calas, c’est le hameau paysan par excellence, ses quelques rues et ses granges qui naguère jalonnaient le village. La visite est charmante mais brève, des frondaisons de l’auberge Bourrely jusqu’à l’église Sainte-Marie de l’Assomption qui fut construite en 1869. Quelques ruelles et puis le saut vers Notre Dame de la Salette, là-haut sur la colline d’où l’on peut redescendre de l’autre côté vers la maison dite « La Trebillane », reconstruite au XIIe siècle, remarquable bâtisse avec sa cour intérieure apaisante, devenue aujourd’hui « l’Oustaou per Touti » la maison pour tous.



Un dédale de ruelles et d’escaliers...

Distant d’une poignée de kilomètres, Cabriès a une toute autre allure. C'est une crèche monumentale, une cascade de maisons accrochées au « Piton ». Il vaut mieux s’y garer dans le grand parking au bas des escaliers qui permettent d’accéder au sommet. Depuis cette base, en quelques marches, on est propulsé dans un autre monde, un labyrinthe.

La voilà, tout de suite, la fontaine de la mairie, fondue par un chantier naval de Port-de-Bouc en 1884. Un élargissement en face, qui conduit d’entre les murs de pierre jusqu’à la porte des anciens remparts. À main gauche, la tour quadrangulaire.

À main droite, le passage voûté vers la cour du château. C’est ici que l’on retrouve le mouvement de l’histoire. Un autre personnage, un créateur, le peintre Edgar Mélik, a contribué à donner sa dernière dimension au Cabriès mutant de la deuxième moitié du XXe siècle.

Il y produira une grande partie de son oeuvre. Aujourd’hui, le château est devenu un lieu d’exposition. En le quittant, on retrouve les ruelles : celle du Barri, la place sommitale, celle du passage et d’autres... Et puis on repart, vers le bas, par la rue du Presbytère, et celle du couvent, dans un dédale merveilleux d’escaliers et de passages pentus. Comme dans une cache, au détour du labyrinthe, se dévoile enfin l’église du XIIe siècle. Encore des montées, des descentes et des retours probables vers le début de la visite... Magique, au pays de la Cabre d’Or, celle que nul mortel ne trait, qui figure sur les armoiries des deux villages en un ! Provençal, en somme..

Comment y aller !

Cabriès-Calas... Facile, entre Plan de Campagne et Eguilles et aussi pas loin des Milles, à deux pas de Marseille et d’Aix. Le temps de la visite... Chacun fait comme il veut. C’est facile et réjouissant de flâner à sa guise...