Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

De la mer à la mer par le massif de Marseilleveyre

Les brumes d’hiver recouvrent encore les sommets. À part le souffle continuel de la mer, on ne distingue pas grand chose. Pourtant, la roche est là, proche ; souverain rempart bientôt palpable. De furieux courants d’air tourmentent par à-coups une forêt touffue, épaisse, rageusement accrochée au versant invisible qu’elle accompagne à mi-chemin des a-pics.

Somptueuse forêt hirsute, verdure dense et coriace, animée d’une folle soif de vivre qui conduit les arbres hauts perchés à téter les falaises de leurs racines tortueuses et perforantes. S’il veut tout voir, tout goûter et se laisser aller à l’ivresse d’un mirage bleu-nuit peigné d’orange naissant, le promeneur hivernal se doit d’attaquer dès le matin sa traversée, ou son exploration, qui sait... Derrière lui, la mer ! Face à lui, la montagne ! Audelà, encore la mer ! Et dans l’espace indéterminé qui sépare les éléments : un grand dessin naturel, minéral et floral, sans cesse en mouvement par l’inexplicable pouvoir charmeur de la plus belle des contrées sauvages du littoral. C’est dans ce jeu d’ombres et lumières, de recoins, de raidillons, de bois cachés, de surplombs virevoltants, de crêtes acrobatiques et de vallons-mystère que commence une grisante partie de cache-cache avec l’horizon.

A L’HORIZON, LE SOMMET...

Voilà donc le promeneur entre l’écume des eaux sur les plages civilisées et les premières falaises crues émergeant de l’ombre. Boulevard de la Grotte Rolland, après la Campagne Pastré, dans le prolongement du quartier dit « La Pointe Rouge » : c’est le point de départ. Au bout du boulevard montant : un petit viaduc véhiculant le vieux canal. A peine plus haut le commencement du sentier. Il faut y aller ! C’est du sévère : ça grimpe ! quatre-cinq lacets prémonitoires, puis virage à main gauche, à l’intersection, sur les tracés jaune et noir. Encore serré, le bois tend à se dissiper sur une zone délimitée par d’impressionnantes hauteurs, à main droite, tandis qu’à gauche Marseille émerge des brumes. Ainsi vogue le sentier, bondissant de pans rocheux inclinés en souches déracinées. Soudain, à main droite, dans une zone touffue, l’itinéraire jaune se sépare du noir pour affronter directement la falaise.

C’est l’heure de l’ascension ! Car il est bien là, le sommet de Marseilleveyre, à l’horizon, sous le bleu du ciel enfin découvert. Pour l’atteindre... une sérieuse série de goulets étroits, certes pentus mais facilement praticables car aménagés de telle manière qu’ils offrent à chaque instant de la progression une agréable panoplie de prises.

on y va gaiement des pieds et des mains... Les enfants adorent. Enfin le point culminant, à 432 mètres d’altitude, avec sa croix et, plus bas, les vestiges d’une ancienne vigie. Au loin, les deux mers qui n’en font qu’une, scintillant autour des îles et aux pieds de la ville. Mais la balade, elle, propose encore autre chose...

À l’horizon, la crête, le vallon...

On bascule maintenant vers la crête permettant de rallier le col qui propulsera dans le vallon. Dentelée comme l’échine dorsale d’un monstre préhistorique, elle se découvre après que l’on soit redescendu une partie du tracé jaune, jusqu’à croiser des repères bleus. Bifurquant à main droite, cette portion du tracé propose un joli petit parcours acrobatique. Enfin, voilà le col, dit de La Selle. Encore à main droite, un itinéraire jalonné de vert quitte alors l’horizon des crêtes pour s’enfoncer dans celui, improbable, du vallon.

D’un pas à l’autre, le spectacle est changeant. Fougères, bois de sumacs, pins agglutinés, miraculeux point d’eau appelé Font de Brès. Puis la descente s’adoucit jusqu’à laisser percer un curieux scintillement d’entre les frondaisons.

A l’horizon, la mer...

Le vallon a un nom intrigant, le Malvallon. Pour les mystères qu’il recèle sous ses ombrages profonds ou pour les surprises pentues qu’il réserve sur le chemin du retour, avec pas loin de 300 mètres de dénivelé à remonter ? Les deux sans doute. En attendant voilà qu’il s’élargit, s’adoucit tandis que les branchages s’écartent pour laisser place à une petite plaine appelée Plan des Cailles. À l’horizon la mer qui vient ici baigner la calanque de Marseilleyre. C’est le but du voyage, la halte par excellence en attendant le retour où, une fois passé le col de la Selle, il vaudra mieux continuer sur le tracé vert en s’enfonçant dans le bois pour obliquer vers les marques noires, un peu plus bas, et retrouver ainsi le chemin de la Grotte Rolland.

Comment y aller

Le boulevard de la Grotte Rolland est le deuxième à gauche après la campagne Pastré en venant de la Pointe-Rouge, au sud de Marseille. On peut s’y rendre en bus, direction Les Goudes-Callelongue.

Compter six heures de marche tranquille aller-retour, halte comprise. Difficulté pouvant aller jusqu’à 4 sur une échelle de 5.