Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

Morgiou

LE CAP DE MORGIOU LIVRE SES SECRETS

Il y a là, un petit port puis une énorme langue de terre qui s’enfuit vers le large…
Un lieu chargé d’histoire… Une avancée qui offre de superbes vues sur la côte alentour

Pour se rendre à la belle calanque habitée par des inconditionnels de la tranquillité, des amoureux de la pétanque pratiquée en milieu sauvage, des gourmets en quête de saveurs marines, il aura fallu s’enfoncer dans Marseille et, vers le sud, doubler la prison des Baumettes qui justement se trouve… Chemin de Morgiou.

C’est ici que l’agglomération expire, laissant place à la végétation typique de l’univers des calanques : rase ou trapue, résistante, ne craignant pas le manque d’eau, odorante, originale et parfois unique. Alors la route s’élève en mystérieux lacets, en tournants qui deviennent tourments pour l’automobiliste peu aguerri qui va bientôt devoir franchir un col.

Au delà, de l’autre côté, c’est la découverte d’un autre monde où la mer clapote ou rugit contre les parois rocheuses ; où les hommes semblent vivre comme autrefois. Ainsi, dans un total
dépaysement, la descente vers le petit port qui caractérise la calanque se fait-elle délicieuse tout autant qu’ensorceleuse. L’arrivée réserve encore quelques surprises.

Il y a là quelques maisons formant un hameau puis, à peine plus loin, le port lui-même ceint d’habitations, peuplé de beaux bateaux et marqué par un établissement nommé le Nautique où l’on déguste une bouillabaisse de compétition.

Une précision : la calanque n’est plus accessible en voiture durant les
mois d’été, sauf réservation au Nautique où l’on se voit attribuer un laissez-passer exceptionnel. Mais un agréable sentier y conduit, qui file également vers le but de cette balade : le Cap.

UN LONG TRAVELLING SUR LES FALAISES

Nous voilà donc au port. C’est au bout de celui-ci, à main droite face à la mer,
que se trouve le départ du sentier menant au Cap. Quelques marches
sommairement fabriquées puis des lacets à même la roche… Il faut parfois
s’aider des mains. La mer est au-dessous, scintillante. Des points de vue se dessinent.

Du côté Est du massif des Calanques, on découvre des sommets, des hauteurs emblématiques : la Grande Candelle et son Candellon, les falaises du Devenson, la pointe du plateau de Castelviel qui domine la plus profonde des calanques :

En Vau. Un dernier effort sur un raidillon plus impressionnant que pénible et l’on débouche sur le contrefort du Cap par le col de Luï d’Aï, sous le sévère sentier menant à l’autre col, celui du Renard, qui permet de rallier tant Sormiou, la calanque voisine, à l’ouest, que la belle route venue des Baumettes. Ainsi s’é-carte-t-on, momentanément, de la jolie Morgiou où en novembre1622 Louis XIII fut accueilli par les prud’hommes et les pêcheurs qui lui avaient réservé la surprise d’une “sinche” au thon.

Le roi, rapporte-t-on, était armé d’un trident de vermeil et “toutes les fois que l’on tirait en haut le poisson qui avait eu la gloire de mourir de cette main royale, le rivage et la mer retentissaient d’acclamations”.

DE LA PRÉHISTOIRE AU FORTIN DE NAPOLÉON

Filer vers la pointe du Cap est chose aisée. Le sentier serpente dans la pierraille et franchit les restes d’un rempart qui étonnera plus d’un. C’est à Napoléon Bonaparte que l’on doit cette construction qui ceinturait un fortin dont il ne reste que de vagues soubassements. L’édifice militaire n’aura cependant pas eu une glorieuse destinée. Il fut attaqué et pris par les Anglais qui en jetèrent les canons à la mer.

Il paraîtrait que le commandant de cette attaque, un officier nommé Hudson Lowe, fut par la suite le geôlier de l’empereur en exil à Sainte-Hélène. Ainsi, foulant ces lieux déjà chargés d’histoire, parvient-on aux falaises de la pointe du Cap où le temps a dessiné les farouches parois de l’anse de la Triperie qui, vue d’en haut,
donne à l’ensemble un drôle d’air de clé à molette.

C’est ici que l’on remonte encore plus loin, bien plus loin dans le temps. Au-dessous en effet, sanctuaire inaccessible, se trouve la célèbre grotte Cosquer où, voilà 18 000, 20 000 et même 28 000 ans, nos lointains ancêtres ont dessiné sur les parois de deux cavités des mains négatives, des chevaux, des pingouins. La niveau de la mer était alors plus bas et ces hommes accédaient aux salles par un long boyau aujourd’hui sous l’eau.

Foulant le sol au-dessus de ce précieux témoignage de l’histoire de l’humanité, on se prend à rêver dans ce paysage grandiose où ciel, terre et mer se marient chaque jour. C’est alors à regrets que l’on prend le chemin du retour, clôturant cette randonnée certes courte mais riche en sensations, en émotions…

Comment y aller

Le plus simple est de passer par Mazargues, à l’Est de Marseille, et de là continuer par le chemin des Baumettes.