Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

Puyloubier, village Phoenix

AGRIPPÉ À SAINTE-VICTOIRE

Ici, les anciens habitats paysans reprennent vie. Derrière les façades séculaires fleurissent de nouvelles demeures réhabilitées. Et, vue de loin, la mosaïque des toits provençaux prolonge toujours le contrefort de la montagne.

À l’extrême Est des Bouches-du-Rhône, après Aix et en bordure du Var, Puyloubier fait partie de ces lieux qui renaissent de leurs cendres. Villages Phoenix ! Partiellement abandonnés des hommes par la faute du recul des cultures et du fait de la mécanisation des récoltes, il leur aura fallu trouver d’autres voies. Les maisons aux orgueilleuses apparences posées en dentelle dans l’enchevêtrement urbain auraient aussi bien pu devenir résidences d’été, offrant au village un pittoresque muet, un spectacle muséal et sans âme, propre à satisfaire le touriste en quête de fausse authenticité.

Il s’est pourtant produit ici autre chose. Sous l’impulsion d’une municipalité active, le village s’est redressé, faisant face à des situations délicates. Les commerces, par exemple... Voilà qu’ils fermaient, inexorablement, les uns après les autres. Le café, l’épicerie, puis la boucherie... Il fallut que la commune achète l’îlot ancien sur lequel ils étaient implantés pour recréer un tissu commerçant, sous une forme à peine différente, restituant ainsi à la population les petits services qu’elle est en droit d’attendre. Rendant également aux ruelles cette tranquillité du piéton qui fait chanter les villages et provoque immanquablement une vague de convivialité, d’altérité, de solidarité aussi... Le décor planté, partons à la découverte de ce lieu curieux.

De jolies vues

On dit de Puyloubier, avec réserve toutefois, que ce nom viendrait de l’appellation romaine “Podium Luparium” (colline des loups). Un loup figure effectivement sur les armoiries de la commune exposées devant la mairie. Ce sont de ces abords que nous allons commencer la visite. Tout près, en contrebas, la Cave des Vignerons de Sainte-Victoire dresse sa lourde carcasse au derrière d’une place arborée.

Il faut remonter pour pénétrer dans le village par l’avenue Pierre-Jacquart, qui deviendra plus haut Grand-Rue. Bientôt le café, lové sous les immeubles anciens, contre la Place de la République avec pour prolongement la rue Félicien-Richaud qui, comme tant d’autres, expose une trouée vers Sainte-Victoire avec vue partielle encadrée de pierres et de toits. Un des multiples tableaux à découvrir ici en flânant...

Le pavage des Compagnons

De l’autre côté de la place : des escaliers charmants par lesquels on se hisse vers les hauteurs du village ! Et tout de suite, l’agréable vision de ruelles pavées comme autrefois. C’est le fruit d’un remarquable et récent travail de compagnons qui ont restitué leur âme d’antan à ces couloirs de circulation sans voitures et aux charmantes façades. Alors, frôlant du pied cette belle chaussée, on monte, on descend, on fait des zigzags dans un enivrant labyrinthe... Rue de Clestre coupée par la Rue-qui-Monte, de nouveau des escaliers, puis rue Louis-Suc et encore une flânerie dans les impasses où chacun s’affaire à réhabiliter, à embellir... La descente en douceur permet de se poser au frais sur la place Damase-Malet. De l’autre côté de Damase-Malet s’étale la partie basse, avec des rues qui lorsqu’on les sillonne proposent de saisissantes visions du vignoble alangui dans la plaine.

Un gîte d’étape

Le village vibre donc au rythme de l’activité des habitants. Il offre aussi les visites des églises Saint-Roch, au coeur de l’agglomération, Saint-Pons (Xe siècle), Saint-Pancrace dans la plaine viticole et Saint-Ser nichée là-haut dans un repli de la Sainte-Victoire et que l’on atteint qu’au prix d’une petite marche. La marche, justement... Elle compte ici l’un de ses plus remarquables représentants. Spécialiste de l’escalade dans les Calanques et aussi bien en haute montagne, auteur de nombreux guides et ouvrages spécialisés, Daniel Gorgeon contribue à renforcer l’originalité et le dynamisme du village. Il est en effet le patriarche d’un des rares gîtes d’étape de la contrée.

On le déniche à peine plus haut que Damase-Malet, au creux d’une petite impasse située pile en travers du GR9. Ça ne s’invente pas... De chez lui, on s’envole vers les sommets, jusqu’au Pic des Mouches qui, paraît-il, ne serait plus le sommet de la Sainte-Victoire depuis une vérification satellitaire. Tout ça pour un petit mètre...