En France, 14 sites sont inscrits sur la liste verte des aires protégées de l’UICN. Ce label international récompense les sites qui agissent pour la conservation de la nature et obtiennent des résultats tangibles. Le Parc marin de la Côte Bleue y figure et pourquoi pas prochainement la Réserve Sainte-Victoire qui s’est portée candidate.
Au niveau international, il y a la liste rouge des espèces menacées mais il y a aussi la liste verte des aires protégées. Cette liste, lancée en 2014 par l’UICN, qui s’allonge chaque année, c’est l’inventaire des pratiques exemplaires mises en oeuvre sur la planète pour préserver la biodiversité marine et terrestre.
DES CRITÈRES D’EXCELLENCE ET DES RÉSULTATS
Approche positive de la question de la biodiversité, la liste verte permet en effet de mettre en lumière ce qui marche en matière de conservation de la nature.
“C’est un label international qui vise à reconnaître à travers le monde les aires protégées gérées équitablement et efficacement avec des impacts positifs sur la nature et les sociétés”, explique l’UICN. Pour être labellisée, l’aire protégée est soumise à une évaluation et doit répondre à 17 critères d’excellence en matière de gouvernance, de gestion, de planification et de résultats de conservation.
14 SITES LABELLISÉS EN FRANCE
La France (Métropole et Outre-Mer) est le pays qui compte le plus d’aires protégées labellisées par l’UICN, 14 sites au total sur les 46 sites mondiaux lauréats. On y trouve aussi bien la réserve naturelle des Terres australes françaises qui est la plus grande réserve naturelle de France avec 2,2 millions d’hectares, que le Parc national des Pyrénées ou encore le Parc marin de la Côte Bleue, 19 000 hectares en mer dans les Bouches-du-Rhône. Bref, peu importe la dimension et le statut de l’aire protégée (Parc national, Réserve naturelle, Parc naturel régional, espace Natura 2000…), ce qui compte pour se voir décerner le label, c’est la qualité de gestion et les résultats enregistrés sur la préservation de la faune et la flore.
Après le Parc marin de la Côte Bleue en 2018, unique site labellisé sur notre territoire, la Réserve naturelle Sainte-Victoire, propriété du Département, s’est portée candidate en 2019 à l’obtention de ce label
LA LISTE ROUGE DES ESPÈCES MENACÉES
Plus connue que la liste verte, la liste rouge de l’UICN est l’outil de référence pour connaître le niveau des menaces pesant sur la diversité biologique dans le monde. Elle classe les espèces en fonction de leur risque d’extinction. Ainsi, elle montre qu’aujourd’hui une espèce de mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, plus d’un amphibien sur trois et un tiers des espèces de conifères sont menacés d’extinction mondiale. Dans sa dernière édition, sur les 105 732 espèces étudiées, 28 338 sont classées “menacées”. La France figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées.

LA CÔTE BLEUE SUR LA LISTE VERTE
En 2018, le Parc marin de la Côte Bleue* s’est vu inscrit sur la liste verte internationale des aires protégées.
“C’est une reconnaissance du travail effectué sur le long terme par toutes les parties prenantes du Parc”, explique Frédéric Bachet, chargé de mission du Parc marin de la Côte Bleue. La protection de ce milieu date en effet de 1983, une époque où l’environnement ne faisait pas vraiment partie des préoccupations. Et c’est l’un des points forts du Parc. L’engagement sans relâche des collectivités pour protéger les fonds marins a été remarqué par l’UICN, tout comme le partenariat étroit avec les pêcheurs professionnels bien conscients de la nécessité de gérer la ressource. Autre point fort retenu : la création de deux réserves marines, soit 300 hectares sanctuarisés, interdits à la pêche, à la plongée et au mouillage avec un haut niveau de surveillance.
LA NATURE REPREND SES DROITS
Des mesures qui portent leurs fruits comme sur l’herbier de Posidonie, le plus grand des Bouches-du-Rhône, préservé grâce aux deux réserves de Cap Couronne et Carry-le-Rouet, et à un ensemble de mesures relatives au mouillage des bateaux et en particulier des plus grandes unités de plaisance. “Cet herbier remplit des fonctions essentielles en Méditerranée, c’est un écosystème clé. Générateur d’oxygène, il capture le carbone, attenue l’effet des tempêtes et joue le rôle de nurserie pour les poissons”, explique Frédéric Bachet. “En agissant sur ces habitats, en limitant l’impact, on augmente la capacité de résilience de la nature”. Ainsi, le Parc aide la nature à se régénérer à l’image des 2 600 m3 de récifs artificiels implantés offrant aux poissons des habitats propices. Résultat : des espèces comme le mérou ont fait leur retour et les effectifs de poissons se multiplient. Ce qui fait dire à Frédéric Blachet : “Le milieu marin a encore la possibilité de résister. Il nous montre qu’il fonctionne mais sous certaines conditions. Si on sanctuarise, si on agit aujourd’hui, on pourra sauver la Méditerranée, mais chaque usager de la mer doit être impliqué ”.
*Le Parc marin de la Côte Bleue est un établissement public qui regroupe la Région, le Département, 5 communes (Martigues, Sausset-les-Pins, Carry-le- Rouet, Ensuès-la-Redonne, le Rove) et les organisations professionnelles de la pêche de Marseille et Martigues.
LA RÉSERVE SAINTE-VICTOIRE UN SITE SINGULIER ULTRA PROTÉGÉ
Sainte-Victoire, c’est un million de visiteurs par an, un site emblématique de la Provence, mais aussi une réserve naturelle nationale et géologique qui jouit d’un des plus hauts niveaux de protection en France et dont l’accès est totalement interdit.
Gérée par le Département qui en est aussi le propriétaire, la réserve abrite certes des fossiles, des ossements et des oeufs de dinosaures, mais aussi des espèces vivantes rares ou que l’on pensait disparues. “C’est l’effet réserve, explique son conservateur, Thierry Tortosa, ce site de 140 hectares n’a jamais été impacté par l’homme”.
1 300 ESPÈCES RECENSÉES
Résultat, en cherchant et en observant, 1 300 espèces ont été recensées en quelques années montrant la valeur biologique d’une réserve géologique. La “Zelotes metellus”, nouvelle espèce d’araignée ou encore la “Genette commune” (ci-dessous), petit carnivore de la famille des Viverridae, qui faisait office d’animal de compagnie à l’époque médiévale, ont ainsi pu être observées et répertoriées. Si la réserve ne constitue pas pour autant un point chaud de la biodiversité, elle abrite une richesse biologique préservée qui pourrait bien figurer sur la liste verte des aires protégées de l’UICN. Elle s’est en effet portée candidate fin 2019 pour obtenir ce label qui pourrait lui être décerné lors du Congrès mondial de la nature en juin à Marseille. “Il viendrait couronner les efforts consentis par le Département pour cette réserve, son mode de gestion et la politique de valorisation de son patrimoine géologique et biologique”, explique Thierry Tortosa, qui s’apprête à faire découvrir aux congressistes internationaux la singularité de ce site où le vivant côtoie la préhistoire.
