Le Parc national des Calanques est le premier parc à la fois terrestre, marin et périurbain d’Europe. Situé au coeur de la métropole marseillaise, il est l’exemple type de la difficulté de préserver la richesse de sa biodiversité et de lutter contre les phénomènes de pollution en Méditerranée.
Des massifs de roche blanche découpés, un vaste espace marin abritant 60 espèces d’animaux et de plantes protégées, menacées ou rares, des îles refuges de biodiversité, 140 espèces terrestres protégées et des paysages spectaculaires… Sur 20 kilomètres de littoral, le Parc national des Calanques est un écrin unique d’écosystèmes qui attire deux à trois millions de visiteurs chaque année. Revers de la médaille, la fréquentation peut également s’avérer une menace pour la biodiversité. Un enjeu auquel doit répondre au quotidien le Parc.
UN MODE DE GESTION RESPONSABLE ET DURABLE
Situé sur les communes de Marseille, Cassis et La Ciotat, le Parc a choisi un mode de gestion responsable et durable pour préserver cet environnement sans en limiter la fréquentation. Qualité des eaux, déchets plastique, pêche, érosion du paysage… il fait preuve d’une vigilance accrue pour protéger sa faune et sa flore remarquables. Dès sa création en 2012, une série de mesures ont été prises pour délimiter des zones de non-pêche, assurer un suivi écologique des aires marines, limiter l’entrée des bateaux de visites. Ces mesures portent leurs fruits avec par exemple le repeuplement des fonds marins par le Mérou brun, espèce protégée par un moratoire, constituant la réserve de la rade. Des actions sont également menées avec les associations et les collectivités pour les espèces vulnérables, comme la replantation en novembre dernier de 300 pieds d’Astragale (lire ci-contre). “Ces mesures permettent à chacun de mieux jouir de ce site grandiose”, explique François Bland, directeur du Parc.
UNIQUE HOTSPOT DE LA BIODIVERSITÉ EN MÉDITERRANÉE
Par ailleurs, le Parc est ouvert aux randonneurs, sportifs, visiteurs en bateaux et résidents sans limitation de sa fréquentation à terre. “Avec l’appui des collectivités, nous faisons appel au bon sens des usagers en leur envoyant des messages de prévention forts qui leur demandent d’adopter un comportement responsable”, poursuit le directeur du Parc.
Un défi quotidien pour le Parc qui figure parmi les 10 premiers hotspots mondiaux de la biodiversité - le seul du pourtour méditerranéen - parmi les 30 recensés dans le monde. En cela, le Congrès mondial de la nature constitue pour François Bland, “une opportunité exceptionnelle pour un territoire d’exception où la place de la nature est reconnue, à un moment charnière où il y a une vraie prise de conscience des citoyens à l’échelle internationale”. L’occasion de mettre en lumière la beauté et la fragilité de la Méditerranée, qui, si elle recouvre seulement 2 % de la surface du globe, concentre 10 % des espèces connues dans le monde.

BATHYBOT, LE ROBOT DES ABYSSES QUI ÉCLAIRE LES CHERCHEURS
Il ressemble à “Wall-E”, le robot héros de Pixar, mais la comparaison s’arrête là. Baptisé BathyBot, le petit robot connecté 24h/24, dont la démarche scientifique est menée par le CNRS DT INSU de La Seyne-sur-Mer et le CNRS-MIO à Marseille, va explorer dès le printemps 2020 les profondeurs de la Méditerranée pour permettre aux scientifiques de collecter, sur des sites marins fragiles, des informations sur la température de l’eau, sa salinité, son taux d’oxygène et sa vitesse de courant destinées à étudier le changement climatique.
Le deuxième point fort de cette prouesse technologique, c’est sa caméra ultra sensible filmant en continu les organismes marins bioluminescents (espèces produisant naturellement de la lumière). Pour Christian Tamburini, directeur de recherches au Mediterranean Institute of Oceanography (MIO) Luminy : “Le domaine profond est si peu étudié qu’avec BathyBot nous espérons élargir nos connaissances de la biodiversité, mais aussi nos recherches sur la bioluminescence qui pourraient ouvrir des champs d’exploitation très larges”.

OPÉRATION “SAUVONS L’ASTRAGALE”
L’Astragale, petite plante vivace aux vertus médicinales, endémique du littoral provençal est une espèce menacée par le piétinement des marcheurs et la pollution marine. Aujourd’hui classée “vulnérable”, cette plante indispensable à l’équilibre de l’écosystème du bord de mer a fait l’objet d’une grande opération de réintroduction, en novembre dernier, dans le Parc national des Calanques.
Quelque 3 000 plants, élevés dans une pépinière près d’Aubagne à partir de graines ramassées en milieu naturel, ont été délicatement replantés du Mont-Rose à la calanque de Marseilleveyre. Cette opération qui s’inscrit dans un programme européen “Life” baptisé Habitats calanques bénéficie du soutien du Département et de l'appui de l'unité des ouvriers forestiers. D’un budget de 3,8 millions d’euros, elle est cofinancée par l’Union européenne à hauteur de 60 %.

BAPTÊME DE PLONGÉE DANS LES GRANDS CANYONS
Une exposition itinérante, portée par le Parc national des Calanques et l’Agence française pour la biodiversité, invite le visiteur à plonger dans la richesse des canyons de la Méditerranée, pour découvrir leur rôle majeur dans le fonctionnement de l’écosystème marin et leur fragilité. Grâce à des technologies modernes comme les modules interactifs et ludiques de plongée virtuelle, la cartographie 3D, les vidéos et les images inédites issues de campagnes d’exploration de ces vallées sous-marines de Méditerranée, le visiteur est immergé dans ces zones qui constituent à la fois un lieu de refuge, de reproduction et de nurserie pour de nombreuses espèces.
Avant d’être accueillie sur l’Espace Génération Nature du Congrès mondial de la nature au Parc Chanot à Marseille, l’exposition, soutenue par le Département, est visible du 14 février au 21 juin prochains à l’Espace Villeneuve Bargemon à Marseille (2e).