Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

"L'abri", une autre famille pour se reconstruire

Tombés du nid trop tôt, Malika, 16 ans, William et Cédric, 17 ans, ont été placés à l’“Abri” par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) alors qu’ils étaient en danger dans leur famille. Cette Maison de l’enfance à caractère social (MECS) située à Marseille (5e) est devenue leur abri, celui où ils se sentent en sécurité.

S’ils ont connu les affres d’une enfance chaotique, aucun d’entre eux ne s’apitoie sur son sort. “Il faut savoir prendre sa chance”, clame Malika, cachée derrière ses lunettes et ses boucles brunes et dont le sourire trahit sa timidité. “Ici, ça marche comme dans une petite famille. La semaine, je vais au lycée et, si je respecte le règlement, j’ai le droit de voir mes amis le week-end et parfois après les cours”, poursuit l’adolescente, en classe de seconde, qui se projette dans des études de commerce “ou dans un travail auprès des enfants !”. Une inspiration qu’elle a peut-être trouvée auprès des 21 éducateurs spécialisés qui tournent jour et nuit pour s’occuper des 52 enfants, âgés de 3 à 18 ans, résidant à la MECS de la rue Sainte-Cécile.

UN CADRE DE VIE SÉCURISANT POUR REPRENDRE CONFIANCE

Dans les étages élevés de l’immense bâtisse, en empruntant un dédale de couloirs colorés séparant les chambres des “écureuils” -les tout-petits- à celles des “lapins” -les moyens-, on arrive enfin dans la section des ados. Celle où se trouve William depuis presque 2 ans. Ce garçon souriant au physique délicat et au doux regard vert est en apprentissage dans la restauration. Il apprécie la confiance que les éducateurs lui portent et la sérénité du lieu, lui, qui depuis l’âge de 15 mois, est placé entre familles et foyers d’accueil : “Je vais avoir du mal à quitter ce lieu où j’ai trouvé mon équilibre mais je vais pouvoir intégrer un studio de jeune majeur dès mes 18 ans en février prochain”, explique ce grand supporter de l’OM qui occupe son temps libre à écouter du rap et à écrire des chansons “seulement les jours de pluie”.

L’APPRENTISSAGE DE L’AUTONOMIE

Cédric, lui, a quitté la chambre qu’il partageait avec William en août dernier pour intégrer “en semi-autonomie” un studio attribué par la structure aux non majeurs. Il avoue fièrement l’avoir équipé d’une télé avec son argent de poche mensuel : “Malheureusement je n’ai pas une minute à moi pour la regarder, j’ai trop de travail“. Il faut dire que le jeune homme est en prépa Sciences-Po au lycée Thiers à Marseille. Élève brillant, il n’en est pas moins sensible lorsqu’il évoque le rituel du petit échange de textos avec son éducatrice chaque semaine lorsqu’il était en internat l’an dernier. “Ici, les éducs sont très bien. Ils posent un cadre qu’il faut respecter, c’est normal. En échange, on peut compter sur eux à tout moment. C’est très rassurant !”.

31 maisons dans les Bouches-du-Rhône

Les Maisons d’Enfants à Caractère Social (MECS) sont des établissements sociaux, spécialisés dans l’accueil de mineurs et/ou de jeunes majeurs confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE), âgés de 3 à 21 ans. Structures gérées par des associations ou des Fondations, elles développent plusieurs types d’accompagnement à partir de petites unités en hébergement collectif. Les MECS sont habilitées et financées par le Département afin de recevoir des enfants relevant de l’Aide sociale à l’enfance.

Leurs missions :

> Accueillir des enfants confiés au Département, soit par leurs parents dans l’impossibilité momentanée d’assurer l’éducation de leur enfant, soit par un juge des enfants en cas de danger, pour une durée plus ou moins longue.

> Proposer un cadre de vie protecteur donnant à l’enfant des repères, afin de contribuer à son épanouissement, son développement psycho-affectif, son accompagnement dans sa scolarité et son insertion sociale et professionnelle.

> Favoriser les liens familiaux et le soutien à la parentalité.