Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

Alexis Rosenfeld : la sentinelle des océans

Le photographe et plongeur expérimenté enchaîne les expéditions dans les océans du monde entier. Avec l’envie de témoigner sur la nécessité de protéger les fonds sous-marins.

Qui aurait pu croire que cet enfant qui a fait sa première plongée dans une piscine du Val d’Oise en volant une bouteille avec détendeur qui traînait à côté du bassin deviendrait un talentueux photojournaliste qui prend ses clichés à 120 mètres de profondeur ?
“J’ai toujours voulu faire de ma vie une aventure”, explique Alexis Rosenfeld avec un brin de malice. Et l’homme a su forcer le destin, “au culot” comme il dit, pour que ses rêves d’enfant deviennent réalité. Car du culot, il lui en a fallu pour passer du bambin parisien qui dévorait tous les épisodes de “L’Odyssée” du commandant Cousteau au photographe de presse, spécialiste des reportages sous-marins, qui couvrira pour le Figaro Magazine la dernière mission en mer de l’homme au fameux bonnet rouge. Après avoir emménagé à Marseille, Alexis Rosenfeld se forme auprès d’un autre grand homme, son “père spirituel” dit-il, Henri-Germain Delauze, fondateur du groupe marseillais Comex, précurseur en matière de plongée industrielle. “Il m’a appris à accéder à l’inaccessible”, explique-t-il avec émotion.

LES RÉCIFS CORALLIENS EN DANGER

Que ce soit pour des missions archéologiques, scientifiques ou documentaires, Alexis Rosenfeld n’a alors de cesse de parcourir les océans et les mers du monde entier. Avec toujours une seule obsession : aller là où personne n’a encore plongé. “Je suis une sentinelle, un témoin privilégié de l’océan”, dit-il.
Un témoin privilégié qui ne peut que constater l’impact du réchauffement climatique sur la biodiversité des océans. Dans son dernier livre*, où ses photos côtoient les textes de l’acteur Lambert Wilson et du scientifique Serge Planes, Alexis Rosenfeld plonge au coeur des récifs coralliens, véritables curseurs de l’environnement. “Les récifs coralliens contiennent 30 % de la biodiversité de nos océans. Quand ils blanchissent, c’est que la situation est critique. Ce blanc d’une pureté incroyable devient un linceul sur l’océan. C’est aussi cela la réalité de notre planète aujourd’hui”.

RENCONTRE DU 3e TYPE

L’extraordinaire aventure sous-marine d’Alexis Rosenfeld continue. En ce mois de janvier, ses palmes l’emmènent dans la zone la plus vierge et la plus pure de l’océan, cachée à 300 kilomètres des côtes de Nouvelle-Calédonie, au coeur du parc naturel de la mer de Corail, l’une des plus grandes aires maritimes protégées au monde. “C’est incroyable de se dire que je vais voir ce qu’est l’océan dans sa forme originelle. Un endroit vierge comme l’homme préhistorique aurait pu le connaître il y 100 000 ans. Se retrouver face à des animaux qui n’ont jamais vu un homme, c’est un peu Rencontre du 3e type !”.

La sentinelle Rosenfeld entend bien utiliser cette nouvelle expédition pour témoigner de la beauté des fonds sous-marins et de la nécessité de les protéger à l’occasion du Congrès mondial de la nature de l’UICN qui se tient en juin à Marseille. “Si l’on protège nos océans, on peut encore sauver les meubles”, explique-t-il avec optimisme.

* “Récifs coralliens, coeur de l’océan”, de Lambert Wilson, Serge Planes et Alexis Rosenfeld, Mangareva Production, 55 €.