Après plusieurs vies professionnelles, François Mouren- Provensal a choisi la photographie et livre aujourd’hui, en images et en mots, son amour pour la Méditerranée dans le premier recueil d’un triptyque consacré à la Provence.
“J’habite au paradis.” À la Madrague, depuis son cabanon, François Mouren-Provensal contemple la vue sur la rade de Marseille. “D’un côté l’infini, le sauvage, de l’autre la ville”, glisse le photographe d’un air rêveur.
La petite soixantaine, l’homme a déjà eu plusieurs vies. Comédien dans les années 80, il a joué dans “Les grandes journées du père Duchesne” ou encore “Dylan”, sous la houlette du metteur en scène et fondateur du théâtre de La Criée à Marseille Marcel Maréchal. Convaincu, après être “monté” à Paris, que ce monde-là n’est pas fait pour lui, François Mouren-Provensal finit par tout plaquer. Un temps moniteur de ski, il découvre la vidéo dans les années 90 et en fera son métier pendant 20 ans. Caméraman, reporter d’images, réalisateur, il touche à tout -télé, web, boîtes de production- et voyage dans le monde entier.
“UNE INVITATION À ALLER VOIR PLUS LOIN”
À l’arrivée du numérique, celui qui faisait déjà de la photo amateur quand il avait 20 ans redécouvre le plaisir de prendre des clichés. “Passer de la vidéo à l’image fixe, c’est reposant”, plaisante-t-il. La photo, c’est “chercher ce qu’il y a derrière la crête, derrière l’horizon”. Et d’expliquer : “Mon regard s’arrête sur un rocher, une vague. C’est une invitation à aller voir plus loin et pour cela il faut entamer un voyage.”
Ce voyage, il le fait en Provence et publie un premier recueil* consacré à la mer où l’on découvre des photos prises pour beaucoup depuis son cabanon. “Je postais chaque jour une photo sur Facebook et les gens m’ont demandé : ‘À quand un livre ?’. C’est un bel objet qui se veut comme un matin face à l’horizon, une contemplation”, poursuit-il. En regard de chaque photo, en contrechamp, le photographe a posé ses mots, empreints de poésie, pour mieux partager l’émotion qui le traverse au moment d’appuyer sur le déclencheur.
Ses photos sont tout en ombre et lumière. “Je suis influencé par les peintres provençaux du XIXe siècle, raconte-t-il. Comme eux, j’aime travailler sur les contrastes et les basses et hautes lumières.”
”J’AIME L’IDÉE DE SUIVRE LE CYCLE DE L’EAU”
Deux autres ouvrages complèteront le triptyque dans le courant de l’année. L’un consacré à l’arrière-pays et ses collines. L’autre aux Alpes de Provence. “Dans mes errances, j’ai besoin de la mer comme de la montagne. J’aime l’idée de suivre le cycle de l’eau, suivre le torrent qui part du sommet et vient se jeter dans la mer au pied de mon cabanon.”
L’homme est un contemplatif. “J’aime ma solitude. C’est un temps à soi, comme un soupir, une pause, un repos”, insiste-t-il avant de partir dans un grand éclat de rire et d’ajouter : “Ça ne m’empêche pas de parler et d’être sociable !”
Comme en écho à cette solitude, ses photos n’offrent pas de place au genre humain. “Quand je me promène à la recherche d’un cliché, l’humain, je le fuis !”, dit celui qui, un jour, a mis plus de 12 heures pour se rendre dans les Alpes depuis Marseille tant il aime prendre les chemins de traverse. Pas de personnage donc. Mais une poésie infinie qui donne à voir la beauté d’un monde familier mais que l’on oublie parfois, pressé par la vie, de contempler.
* “Au Rebord du Monde”, François Mouren-Provensal, éditions La Trace, 24 €. Préface de l’auteur-compositeur et interprète Abd al Malik.





