Jean-Pierre Moulères est
l’initiateur du projet
“En descendant La
Canebière” qui a permis de
collecter 800 photos auprès
des Marseillais constituant
un fonds photographique
inédit qui raconte les petites
et la grande histoires de la
Canebière entre les années
30 et 60.
Tour à tour commissaire d’exposition, conseiller artistique, scénographe, Jean-Pierre Moulères ne se définit pas comme un artiste. C’est un artisan de projets dans lesquels les citoyens sont les acteurs principaux. Une démarche qu’il a toujours cultivée dans son travail et dans laquelle la photographie a pris de plus en plus de place au fil du temps. Comme en 2013, pour “Marseille-Provence, Capitale européenne de la Culture” avec l’initiative des “Chercheurs du Midi”, une grande collecte de photos de famille exposées au J1 à Marseille. Ou comme en 2015 pour les 20 ans du Musée départemental Arles Antique pour lequel il a réuni cette fois des photos prises dans les sites antiques de la Méditerranée.
Au cours de ces projets, Jean-Pierre Moulères mesure à chaque fois combien ces petits bouts de papier parfois glissés dans un portefeuille ou rangés dans un album peuvent faire sens : “Ensemble, ces tirages créent un récit et forment une oeuvre”.
LE MARSEILLE DU SIÈCLE DERNIER
Dernièrement, il a fait naître un nouveau récit en appelant les Marseillais à rassembler leurs photographies prises sur la Canebière, entre les années 30 et 60. “En descendant la Canebière”* a rencontré un vif succès. 800 photos collectées constituent désormais un riche fonds photographique.
On y voit des jeunes couples ou des familles déambuler, des marins en escale, des militaires en permission, des travailleurs, des passants endimanchés. Bref, l’histoire de Marseille et de ses habitants. “Ces petites histoires racontent en réalité une grande histoire. Celle du prêt à porter, de l’architecture, de la société, du mode de vie”.
L’HISTOIRE DES PHOTOGRAPHES DE RUE
Mais c’est aussi l’histoire de ceux que l’on appelait “photographes de rue, photographes ambulants ou photo stoppeurs”. Un métier apparu à une époque où l’appareil photo était réservé aux studios photo qui florissaient sur la Canebière : Paris-Photo au 52, Mondial- Portrait au 75, Bébé-Photo dans le hall du Cinéac. Et tant d’autres qui dépêchaient des photographes pour immortaliser les passants dans un moment posé ou sur le vif. “À cette époque, la photo de vie n’existait pas, il y avait soit les photos en studio pour un événement familial soit celles des photographes ambulants. Ces derniers ont inventé une esthétique des passants", explique Jean-Pierre Moulères. Cette pratique très populaire a donné lieu à des fonds photographiques inexploités, riches en émotions et en informations.
PATRIMOINE FAMILIER
Jean-Pierre Moulères a révélé ce trésor, et à 60 ans, il ne compte pas s’arrêter là. L’histoire des photographes de rue, c’est certainement l’un de ses prochains projets. “Ces tirages parlent de nous”, clame t-il en défenseur de ce patrimoine qui constitue notre histoire et construit “nos petites mythologies familiales”. Amateur de la photo dite “vernaculaire”, celle du quotidien dégagée de la contrainte artistique, Jean-Pierre Moulères voudrait lui donner une place. Et se réjouit toujours autant de sortir de l’anonymat l’histoire de chacun, de la faire entrer dans un musée ou dans un lieu d’exposition, comme il l’espère pour la collection “En descendant La Canebière”.
*La collection est à voir sur : endescendantlacanebiere.fr. “En descendant la Canebière” est un projet financé par le Département et produit par ZINC - Centre des arts et des cultures numériques.


