Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

Gestion de l'eau : préservons notre ressource

Alors que notre territoire multiplie les épisodes de sécheresse avec un déficit en eau de plus de 30 % constaté fin 2022, la situation ne s’améliore pas depuis le début de l’année 2023.  Dans ce contexte, où le risque d’inondation est paradoxalement préoccupant, la préservation de notre ressource en eau est plus que jamais un enjeu essentiel qui nous concerne tous.  Qu’il s’agisse de l’alimentation en eau potable, de l’irrigation agricole, des besoins industriels ou tout simplement de la nature, le Département est un acteur majeur de la gestion de cette précieuse ressource.
 

EN CHIFFRES : L’eau dans les Bouches-du-Rhône 

  • 72 % de l’eau utilisée provient de la Durance et du Verdon
  • 43 % dédiés à l’agriculture
  • 37 % dédiés à l’usage domestique
  • 20 % dédiés à l’industrie
  • 1 500 km de réseau hydrographique : Rhône, Durance-Verdon, Arc, Touloubre, Huveaune, Cadière
  • 500 000 m3 par jour sont nécessaires pour alimenter les Bouches-du-Rhône en eau potable
  • 30 % de déficit en eau en 2022
  • 5 000 km de canaux d'irrigation

Optimiser notre usage au quotidien

Trop ou pas assez… C’est un peu le paradoxe de l’eau en Provence. Entre sécheresse et inondation à répétition, dans les Bouches-du-Rhône, une nouvelle approche de la préservation et de la gestion de l’eau voit le jour, dans laquelle le Département est pleinement engagé. 

Dans les Bouches-du-Rhône, 72 % de l’eau utilisée provient de la Durance et du Verdon, c’est dire l’importance de ces deux cours d’eau pour notre territoire, qui a d’ailleurs poussé nos aînés à s’adapter et à chercher comment retenir et canaliser l’eau. 
D’Adam de Craponne au 16e siècle à Maximin Consolat au 19e siècle en passant par Franz-Mayor de Montricher, ces élus et ingénieur ont contribué à aménager notre département pour répondre aux besoins domestiques et agricoles. Innovant pour l’époque, ce système de gestion de l’eau n’a jamais cessé d’évoluer et contribue à faire de notre territoire un modèle en la matière. 
Aujourd’hui, le changement climatique nous oblige à aller plus loin et à repenser notre façon de préserver l’eau. Sensibilisation aux éco-gestes pour les particuliers, gestion rationnelle de l’eau à la goutte près pour les agriculteurs, travaux sur les ouvrages d’irrigation, dispositifs de prévention des inondations ou encore recours aux nouvelles technologies… de nombreux acteurs se mobilisent, avec le Département.
 

Agriculture : Irriguer à la goutte prés

Les Bouches-du-Rhône sont le premier département de France à être irrigué avec 75 000 hectares sur les 145 000 hectares de surface agricole. Cet important réseau d’irrigation exige une attention toute particulière. 

Avec 5 000 kilomètres de canaux, la modernisation, la sécurisation et l’optimisation des réseaux hydrauliques constituent un défi majeur que le Département s’attache à relever au quotidien. La collectivité finance en effet 30 % des travaux nécessaires à l’irrigation des exploitations agricoles. 
Tout l’enjeu pour les systèmes d’irrigation méditerranéens est d’économiser la ressource en eau et d’optimiser sa gestion tout en permettant aux excédents d’irrigation d’alimenter les milieux naturels. Un élément essentiel pour le maintien des paysages, de la biodiversité et l’alimentation des populations en eau potable.  

 

Vers la "sobriété hydraulique"

Au regard de la situation tendue pour les agriculteurs face à l’épisode de sécheresse de l’été 2022, atteindre la “sobriété hydraulique” est devenu primordial. Le Département finance d’ailleurs les travaux de modernisation et de distribution de l’eau à destination des cultures. Lorsque cela est possible, des techniques d’irrigation de basse pression sont utilisées. Elles présentent également un intérêt écologique en maintenant les milieux humides et en alimentant les nappes phréatiques. C’est notamment le cas en Camargue et dans la plaine de Crau. 


Des solutions innovantes à l'étude

L’oléiculture et la viticulture sont particulièrement impactées par le manque d’eau sur notre territoire. Des solutions innovantes sont à l’étude pour irriguer autrement. À l’instar des essais menés pour réutiliser les eaux usées, les traiter et les acheminer vers les exploitations agricoles dans le besoin. D’autres innovations résident dans l’expérimentation de cépages plus résistants et moins gourmands en eau. 

 

Le foin de Crau sauvé par le canal

Le canal de Haute Crau, un temps menacé par la vétusté de certaines infrastructures, fait l’objet d’un très gros chantier sur ses ouvrages d’art. Des travaux indispensables pour le maintien de l'irrigation agricole de la plaine de Crau.

Première appellation d’origine d’un produit agricole non destiné à l’alimentation humaine, le foin de Crau est un moteur économique prépondérant du côté de la Haute Crau. Ici, près de 2 500 hectares sont consacrés à la culture de ce précieux sésame qui depuis quelques années s’invite aussi à la table des grands chefs. 
Pourtant, le foin, très gourmand en eau, a bien failli voir sa culture décliner à cause des 5 aqueducs aériens qui composent le canal de Haute Crau qui, pour certains, menaçaient de s’effondrer. Un diagnostic a confirmé une usure consommée et l’urgence de travaux à réaliser. C’est la communauté d’agglomération Arles-Crau-Montagnette (ACCM) qui a eu la charge de s’occuper de ces chantiers et à terme, de remplacer tous les aqueducs. 

 

La Fourbine, premier chantier

Celui de la Fourbine sur la route d’Eyguières est le premier à avoir été reconstruit. Profitant de la période dite de chômage (sans irrigation) du canal, des travaux de démolition et de reconstruction ont été entrepris. De pont suspendu, le canal passe aujourd’hui par des canalisations enterrées et semi-enterrées d'1,8 mètre de diamètre et sur une longeur d'1,6 kilomètre. Même si cela n’entre pas dans son champ de compétence, l’ACCM a été maître d’ouvrage de ce chantier auquel le Département a contribué à hauteur de 26 %, soit près de 2 millions d’euros.  
À terme, tous les ouvrages devraient être réhabilités pour assurer la circulation de l’eau, indispensable non seulement aux agriculteurs, mais aussi aux nappes phréatiques. 

 

Le canal des Alpines essentiel aux agriculteurs

Dans la partie nord du département, entre la chaîne des Alpilles, la Durance et le Rhône, les cultures sont irriguées grâce au canal des Alpines septentrionales. L’ouvrage datant du 19e siècle, est géré par le Syndicat intercommunal du canal (Sicas) qui a la charge des deux branches longues de 75 et 45 kilomètres et qui regroupe 20 communes. Pour son Président, Philippe Ginoux, maire de Sénas, “ce canal est un outil majeur pour le développement de l’agriculture sur ce territoire : céréales, vignes, arboriculture, maraîchage, sont autant de ressources économiques essentielles à la vie des agriculteurs. Car l’agriculture en Pays d’Arles représente 60 % de la production départementale”. Afin d’aider le Syndicat dans ses missions d’entretien et de distribution de l’eau, le Département apporte depuis 2020 un financement de 1,3 million d’euros.

Philippe Ginoux, Président du Sicas

 

Inondations du Rhône, 15 ans de travaux pour sécuriser les digues

Avec 8 inondations majeures depuis 1840, le delta du Rhône a montré sa capacité de destruction et la force de ses crues. La dernière en date en 2003, a marqué les esprits et a transformé la vision de la prévention de ces catastrophes. Depuis, les collectivités, sous l’égide du Symadrem*, ont initié de grands travaux de sécurisation.

C’est le fleuve le plus puissant de France et le deuxième de Méditerranée après le Nil. Lorsque le Rhône se réveille, l’ouest du département est en danger. Comme ce fut le cas en 2003 quand plus de 227 millions de m3 d’eau se sont déversés à un rythme de 11 500 m3/ seconde. 12 000 personnes furent inondées pour des dégâts estimés à près de 700 millions d’euros.

 

Le plan Rhône, la réponse aux innondations

Suite à cette catastrophe, une stratégie globale de prévention des inondations a été définie en 2007 dans le cadre du Plan Rhône, avec l’État et les collectivités territoriales. Conduit par le Symadrem, le volet inondation prévoyait de grands travaux de sécurisation des digues, depuis le barrage de Vallabrègues jusqu’à la mer. 15 ans après, sur les 230 kilomètres de digues de protection s’étendant sur le Grand Delta du Rhône, 70 kilomètres ont déjà été sécurisés aux endroits les plus vulnérables.

 

Des ouvrages uniques au monde

C’est entre Beaucaire, Arles et Tarascon qu’a été utilisée une technique habituellement dévolue aux grands barrages et jamais éprouvée jusqu’à présent sur ce type d’ouvrage. Les crues de 2003 ont montré la fragilité des digues entraînant une création de brèches dévastatrices. Il a donc fallu reconstruire entièrement des digues capables de supporter une surverse, et permettant ainsi de canaliser à des endroits définis une masse d’eau considérable. Une première mondiale qui aujourd’hui sert de modèle à d'autre pays. 
Le plan Rhône est programmé jusqu’en 2027 avec la poursuite des travaux tout au long du delta et la sécurisation des berges. De 2007 à 2022, le Département a financé ces travaux à hauteur de  36,4 millions d’euros. 

* Symadrem : Syndicat mixte interrégional d'aménagement des digues du Delta du Rhône et de la mer

Prévoir les inondations dans votre commune, c'est possible ! 

Le Syndicat Mixte d’Aménagement de la Vallée de la Durance (SMAVD) a développé au sein de ses services un outil unique de prévision des inondations. L’Atlas Dynamique des Zones Inondables (ADZI) déployé pour la première fois en France, peut prévoir pour les communes des Bouches-du-Rhône les conséquences des inondations en cas de fortes crues. Il permet d’envisager en fonction d’une inondation les actions à prévoir : coupure de routes, évacuations des maisons ou localisation des zones inondées. En appui opérationnel aux plans communaux de sauvegarde, il donne une réponse concrète aux gestionnaires d’infrastructures et des services de secours : préfectures, Départements ou mairies. Créé en 1976 par les Départements des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse, le SMAVD innove tous les ans pour mettre en place des outils de prévision et de gestion des inondations.  

 

Le canal de Provence garant d'une agriculture pérenne

Créée en 1957, la Société du Canal de Provence (SCP) sécurise l'accès à l’eau sur le territoire métropolitain. C'est ainsi qu'elle participe au maintien de l'alimentation en eau de l’agriculture des Bouches-du-Rhône, qu’elle élabore de concert avec le Département.

Avec une réserve de 225 millions de m3 d’eau stockée dans le Verdon, le canal de Provence régule les besoins d’une partie des particuliers, des industries, des collectivités et des agriculteurs. Pour ces derniers, dans le cadre du plan d’aménagement et d’investissement de la SCP, le Département participe au financement des seuls projets d'extension de réseaux d'irrigation de parcelles agricoles, qu'il souhaite simultanément voir protégées sur le plan foncier. L’objectif est de préserver le foncier et de mettre en place des zones agricoles protégées (ZAP).



Saint-Mitre-Les-Remparts, un exemple accompli

Comme ce fût le cas à Saint-Mitre-les-Remparts où l’urbanisation et la pression foncière importante ont incité à créer une ZAP dans la plaine de Massane, au nord-est de la commune. Ici, la moitié des 139 hectares était dédiée à l’agriculture. Mais l'alimentation en eau de ce territoire ne permettait pas d'étendre les surfaces agricoles. Avec l’aide du Département à hauteur de 660 000 euros (soit 30 % du budget total), un raccordement au réseau d’eau du canal de Provence a permis d’augmenter les surfaces irrigables de 110 %, et d’envisager une évolution vers la production de cultures à haute valeur ajoutée (maraîchage, arboriculture, oléïculture…).

 

Des ressources locales en baisse

Autre exemple du côté de La Barben, où les prélèvements en besoins agricoles dans la Touloubre sont désormais insuffisants. L’Association Syndicale Autorisée des irrigants de la Barben prévoit une reconfiguration de l’alimentation de ses terres en se raccordant à la ressource du Verdon. L’objectif d’ici 2025 serait d’irriguer de façon régulière jusqu'à 200 hectares. Pour y parvenir, le Département investit plus de 330 000 euros. 
Ces projets, mis en place avec la Chambre d’agriculture et la Safer, s’inscrivent dans le cadre d’une solidarité territoriale afin que la sécurisation de l'alimentation en eau soit facteur d’une agriculture pérenne.

La régulation dynamique, première mondiale ! 

Depuis les années 70, la SCP a développé pour l’infrastructure du canal de Provence un procédé innovant de régulation dynamique, pour répondre en continu aux besoins en eau réels des usagers. Grâce à de multiples capteurs répartis sur le territoire, couplés à un réseau de télétransmission et 
à un logiciel de régulation basé sur des modules d’intelligence artificielle, tous les ¼ d’heure les vannes du canal de Provence sont ajustées automatiquement afin de ne prélever dans la ressource que le strict besoin des usagers. Cette solution brevetée est aujourd’hui exportée auprès d’autres gestionnaires à l’international et plus particulièrement dans des pays assujettis aux problèmes de sècheresse comme dans la vallée du Jourdain.

 

Et si on utilisait l'eau de pluie ?

Longtemps sous-estimée, l’utilisation de l'eau de pluie est aujourd’hui reconsidérée dans un contexte de changement climatique. Le Département s’est d’ailleurs engagé depuis plusieurs années dans une politique de désimperméabilisation, notamment dans les collèges. 

 

Pourquoi désimperméabiliser ? 

Un sol imperméable, c'est un sol qui favorise le ruissellement d’eau pluviale, pouvant aboutir au débordement des systèmes d’assainissement et à l’aggravation des inondations. En remplaçant le bitume par un revêtement perméable, la désimperméabilisation permet de réduire ce ruissellement et de redonner aux sols leur rôle de filtration.Ce procédé contribue ainsi au maintien de la biodiversité, à la végétalisation et joue un rôle fondamental pour lutter contre les îlots de chaleur. 


Des actions pilotes dans les collèges et les communes

Depuis plus de deux ans, le Département mène des expérimentations pour rendre perméables les sols des cours de récréation, parkings et espaces extérieurs des collèges. Il intègre également cette technique dans chacune de ses nouvelles constructions. Avec son dispositif “La Provence Verte”, le Département finance les projets des communes en faveur de la désimperméabilisation des bâtiments municipaux, notamment dans les cours d’école. C’est le cas des groupes scolaires des Cadeneaux aux Pennes-Mirabeau, Pié d’Autry à Allauch, ou des écoles maternelles et élémentaires Lurian à Salon-de-Provence.

 

Le rôle essentiel des particuliers

En complément des initiatives publiques, les particuliers, notamment propriétaires fonciers, peuvent être acteurs de la désimperméabilisation. C’est en tous cas la volonté portée par le Département, en partenariat avec l’Agence de l’eau, qui tient à sensibiliser le grand public à une meilleure gestion et réutilisation de l’eau de pluie. Dans ce cadre, des rencontres citoyennes sont organisées (lire page suivante) dans plusieurs communes durant le printemps pour permettre à chacun de s’impliquer, à son échelle, et d’adapter ses usages. 

 

La ville de Cassis lutte contre le gaspillage de l'eau

En proie à des épisodes de sécheresse récurrents, la commune de Cassis fait également face à un afflux touristique important durant la saison estivale. Pour répondre à cette problématique en assurant une gestion responsable de la ressource en eau, la mairie repense ses usages dans de nombreux domaines.  Elle expérimente notamment un nouvel outil pour désaliniser l’eau de mer et ainsi pouvoir laver les bateaux du port sans utiliser d’eau potable. La Ville a également limité la plantation de gazon au profit d’espèces méditerranéennes moins gourmandes en eau, tout en équipant le service des espaces verts d’un outil d’arrosage capable d’éviter le gaspillage. Enfin, 180 économiseurs d’eau ont été installés, notamment dans les écoles communales.