Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

La mine de Gréasque, mémoire des mineurs.

Il aurait dû être rasé et pourtant il est toujours là, comme un témoin du passé.
Le chevalement de la mine de Gréasque -cette grande tour surplombant l'entrée- a pendant plus de 40 ans été le cœur de vie d’un territoire fait de labeur et de sueur. Mais ici comme ailleurs, on reste attaché à cette mine qui a fait vivre des milliers de familles. Entre souffrance et reconnaissance.

En 1480, on dit qu'un berger peut-être plus curieux que les autres, aurait gratté la terre et trouvé une pierre qui brûle mieux que le bois. Sans le savoir, il vient de découvrir le charbon en Provence. Cette histoire marquera le début de la grande épopée du charbon à travers les siècles. Une histoire que l’on retrouve à la mine de Gréasque, vestiges d’un passé jamais oublié.
Pour preuve, ce lieu emblématique des mines de Provence a bien failli être rasé après sa fermeture en 1965. C’était sans compter sur les anciens mineurs et leurs familles qui s’opposèrent physiquement à la destruction de la mémoire provençale.

 

800 DESCENDERIES EN PROVENCE

Il faut dire que l’histoire remonte à loin. Le bassin de lignite est vieux de 70 millions d’années. Il s’étend de Sainte-Victoire à la Sainte-Baume, et va jusqu’à Saint-Martin-de-Crau en passant sous l’étang de Berre. Pourtant, une infime partie de son gisement sera exploitée. Jusqu’au milieu du 19e siècle, l’extraction du charbon était familiale et rudimentaire. On créait des “descenderies” dans la terre, sorte d’escaliers menant au précieux produit. La répartition était simple : le père piquait au fond, sa femme triait et les enfants remontaient le minerai. On comptera jusqu’à 800 descenderies en Provence. Ces exploitations artisanales et souvent peu sécurisées laisseront ensuite place aux mines de sociétés privées.

 

GRÉASQUE, LA MINE LA PLUS MODERNE DE FRANCE

Le puits Hély d’Oissel à Gréasque verra le jour en 1919. Dès ses débuts, la mine se veut moderne en technologie et en sécurité. Même si sa profondeur n’est pas excessive (457 mètres), elle obtiendra au cours des années de nombreux records d’extraction, malgré des conditions de travail particulièrement éprouvantes, avec un taux d'humidité proche de 100 % et une température pouvant atteindre les 40 degrés. Au fond de la galerie, hommes, enfants, chevaux et ânes partagent un quotidien fait de sueur, d’obscurité et parfois de drames. Car les causes d’accident sont nombreuses : le feu, le grisou, les éboulements, le manque d’oxygène ou les inondations.

 

UNE GALERIE DE 15 KILOMÈTRES

Pour endiguer ce problème, une galerie souterraine a été construite entre le puits Biver (Mimet) et le Cap Pinède à Marseille. Ce long couloir de près de 15 kilomètres permettra l’évacuation des eaux et empêche encore de nos jours l’inondation de certains quartiers.
En 1963, la mine de Gréasque cessera son activité minière et fermera définitivement ses portes en 1965. Mais il est difficile d’effacer d’un trait un siècle de vie qui régula le quotidien de milliers de familles. Pour faire vivre la mémoire de ce pan d’histoire, un musée retrace depuis 20 ans la vie de la mine dont les bâtiments sont aujourd’hui classés à l’inventaire des Monuments historiques industriels.

LES PÉNITENTS, CHASSEURS DE GRISOU

Le grisou était l’ennemi principal des mineurs. Ce gaz inflammable composé de méthane pur explosait à la première étincelle. Pour éviter les accidents, des “pénitents” étaient envoyés au fond de la mine déserte. Revêtus de plusieurs couches de jute mouillée, ils avançaient à plat ventre, une torche à la main, dans les galeries à la recherche du fameux gaz afin de l’enflammer. On les appelait pénitents à cause de la ressemblance de leurs costumes avec celui des religieux. Ce “métier” particulièrement dangereux était souvent occupé par des condamnés en échange de remise de peine. Malheureusement, beaucoup ne revenaient pas de ce voyage, emportés par la déflagration ou sérieusement blessés par la détonation.

LE 4 DÉCEMBRE, VENEZ FÊTER LA SAINTE-BARBE

Au milieu du 3e siècle en Orient, la jeune Barbara, d’une très grande beauté, se refuse à tous ses prétendants. Son père, Dioscore, l’enferme alors dans une Tour. Touchée par la révélation du Christ, la jeune fille se convertit au christianisme. Son père, très en colère, la décapite !
Aussitôt, il est foudroyé et réduit en poussière. Depuis lors, Sainte-Barbe est devenue la sainte patronne des métiers confrontés aux dangers du feu et des explosions : les pompiers, les artificiers et les mineurs la célèbrent chaque année le 4 décembre. En 2023, pour fêter les 20 ans du musée de Gréasque et célébrer la mine, une grande fête exceptionnelle est prévue, ponctuée par un spectacle pyrotechnique dans la mine.

Renseignements : 

museeminegreasque.fr

04 42 69 77 00