Musée départemental Arles antique : 30 ans au cœur de l'histoire

Dans les années 1960, face à la richesse historique d'Arles, ancienne plaque tournante du commerce méditerranéen, le projet d'un musée s'impose pour mettre en valeur et préserver ce patrimoine antique exceptionnel.
Les débuts du projet : un rêve devenu réalité
Sous l'impulsion de Jean-Maurice Rouquette, conservateur surnommé le “père fondateur”, le projet prend forme, malgré des réticences liées à la nécessité de déloger certaines familles pour libérer l'espace sur la presqu'île. L'architecte Henri Ciriani conçoit alors un bâtiment original, surnommé le “musée bleu”, avec un plan triangulaire autour d'un patio central. Inauguré en 1995, le musée, riche de plus de 1 700 objets et œuvres antiques, a attiré quelque 200 000 visiteurs en 2023.
Un musée vivant à dimension internationale
Le musée s'est imposé comme un centre de recherche de référence en archéologie, grâce notamment aux fouilles subaquatiques dans le Rhône qui ont révélé des trésors comme le Chaland Arles-Rhône 3 ou encore le fameux buste de Jules César. Ces pièces uniques donnent lieu à des partenariats avec des institutions prestigieuses comme les centres archéologiques de Pompéi, du Vatican et du Louvre. Ce dernier a récemment restitué le sarcophage de Prométhée, chef-d'œuvre retrouvé à Arles au 16e siècle, qui a rejoint la collection de sarcophages du MDAA, l’une des plus belles après celle du Vatican. L’engagement du musée va au-delà de la simple préservation grâce à un atelier de restauration qui permet de redonner vie à mosaïques, sculptures et artefacts.
Un anniversaire sous le signe de la célébration
Pour marquer ses 30 ans, le musée proposera une exposition retraçant son histoire, avec des maquettes, des photos et des illustrations issues d'une grande collecte réalisée auprès des habitants. Les visiteurs découvriront également des pièces emblématiques telles que les peintures murales de la Maison de la harpiste, des statues de bronze, des bijoux et des mosaïques, ainsi que des objets liés aux monuments arlésiens classés à l'Unesco.

Témoignage
Le chantier du musée est lancé en 1988, malgré les réticences des habitants du quartier, dont Jean-Luc Viotti, contraint de quitter sa maison.
J'avais 13 ans, j'ai été obligé de déménager. Mais il fallait le faire, ce sont les maisons qui étaient sur l'emplacement du cirque romain et pas le contraire. Maintenant, le musée fait la fierté de la ville d’Arles. J’y emmenais mes enfants notamment pour les découvertes du chaland et du buste de César. C'est génial, ça me fait reculer de 50 ans en arrière. Je préfère un retour vers le passé que le futur.
Mis au jour en 2007 par une équipe d'archéologues sous-marins, ce buste en marbre pourrait représenter Jules César. Les collections du musée offrent un aperçu de l'opus tessellatum, une technique de mosaïque très répandue dans l'Empire romain. Retrouvé en 2004 dans le lit du Rhône, le Chaland Arles-Rhône 3, mesurant 31 mètres de long, est presque entièrement conservé. Il témoigne du rôle central d'Arles dans le commerce antique. La Maison de la harpiste est une demeure romaine d'exception retrouvée sur le site de la Verrerie datant de 70 à 50 av. J.-C. L'une des caractéristiques de cette découverte réside dans ses peintures murales parfaitement conservées. Ménade dansant après remontage dans le cadre de l’étude toichographologique, 2022. Cliché, R. Bénali, MDAA-Inrap