Saint-Paul de Mausole : garder l'esprit sain
Si vous venez à Saint-Paul de Mausole, impossible de le rater. Vincent Van Gogh est là, dans l’allée principale, représenté en statue de bronze, avec un air aussi tourmenté que le fût sa vie. Et pourtant, les 53 semaines qu’il passa dans ce domaine furent pour lui salvatrices.
Car Saint-Paul de Mausole est un lieu de calme, de repos et de soins. Et ça remonte à très loin. Plus précisément au 11e siècle où 11 chanoines et un prévôt décidèrent de bâtir un monastère et un cloître, avec comme règle principale d’accueillir ceux qui étaient nécessiteux, en marge ou délaissés.
Une tradition perpétuée tout au long des siècles.
Le bon docteur Mercurin
Réquisitionné à la Révolution, le domaine est finalement vendu au docteur Mercurin en 1806, dont l’objectif est de perpétuer cette tradition de prise en charge de la santé mentale. Plusieurs unités sont créées, encadrées par des religieuses dont le dévouement va jusqu’à dormir au milieu des malades, supportant les cris et soignant les souffrances. Il est dit qu’à l’époque, la dimension spirituelle a donné la force de l’engagement par le soin.
Ce qui semble être un havre de paix est pourtant un fourmillement d’initiatives et de prise en charge, où travaillent de concert religieuses et médecins psychiatres. Au fur et à mesure qu’évoluent les connaissances de la maladie mentale, on ouvre le champ des soins pour l’instant non médicamenteux.
Van Gogh et “Les Iris”
C’est dans ce contexte que Vincent Van Gogh arrive le 8 mai 1889. Peintre méconnu, il est surtout célèbre pour s’être coupé l’oreille deux mois plus tôt en pleine crise.
Pris en charge par le docteur Peyron, précurseur de l’art-thérapie, il laisse tout de suite Van Gogh s’adonner à son art. Le lendemain, l'impressionniste va peindre “Les Iris”, tableau iconique. Il y aura 143 autres etoiles peintes en un an.
Aujourd’hui, Saint-Paul de Mausole maintient plus que jamais la volonté de prendre en charge la maladie mentale. Les sœurs de l’Institut Saint-Joseph présentes depuis 1863 veillent toujours sur les lieux dont la gestion a été cédée à l’association “Vivre et devenir” qui en préserve le patrimoine et l’esprit.
Deux unités de soins de courts séjours et une maison d’accueil spécialisée reçoivent et traitent plus de 120 patients ou résidents. Vous pouvez en croiser certains en visitant le cloître, le monastère, ou la chambre de Van Gogh reconstituée dans un parcours où se côtoie l’histoire du passé et la force du soin présent.
C’est sans doute dans ce décloisonnement de la maladie mentale que réside la force de ce lieu où s'entrecroisent culture et patrimone.
Valetudo, le rêve de Van Gogh réalisé
Dans son imaginaire, Van Gogh avait pour volonté de créer une association d’artistes dans le sud de la France. C’est en 1995 que son rêve est devenu réalité avec la création de l’association d’art-thérapie Valetudo, du nom de la déesse de la santé. Installé dans le cloître, l’atelier offre aux patients l’occasion de s’exprimer par la peinture et de créer des passerelles entre patients, soignants et visiteurs. La galerie attenante expose les œuvres des patients, leur offrant ainsi la possibilité d’être reconnus pour leur valeur artistique et créative, et non plus pour leur maladie.
70 000 visiteurs par an
Saint-Paul de Mausole se visite tous les jours de l’année. Si le cloître et le clocher de la chapelle sont classés aux monuments historiques, le monastère et la chapelle sont incrits au patrimoine historique depuis 2024.
70 000 visiteurs viennent chaque année découvrir la chambre de Van Gogh, les jardins emblématiques où furent peintes nombre d’œuvres. Une crèche réalisée par le santonnier Gilbert Orsini vient d'être récemment installée de façon permanente. Un parcours initiatique et historique à découvrir.
Renseignements :
Saint-Paul de Mausole
Chemin Saint-Paul
13210 Saint-Rémy-de-Provence
Tél. : 04 90 92 77 00
