Alors que l’été est une saison propice aux cambriolages, les cavaliers de l’unité basée à Marseille redoublent de vigilance. Reportage avec une patrouille dans le quartier de la Pointe-Rouge.
« Vous en connaissez beaucoup des gendarmes qui patrouillent à 3 mètres de haut ? C’est ça notre force ! », dit avec un grand sourire l’adjudant Philippe Lherbier, juché sur son imposante monture qui répond au nom de Palefroi. Accompagné du gendarme adjoint Célia Auladell et de son cheval Océan, il patrouille ce jour-là dans les rues du quartier de la Pointe-Rouge.
Depuis plus d’un an maintenant, un détachement de la Garde républicaine est basé à Marseille. Huit chevaux, dix cavaliers (dont six femmes) et une dizaine de réservistes viennent ainsi renforcer les dispositifs traditionnels pour assurer la sécurité sur les grands événements ou encore dans les massifs. Ils ont aussi une mission de surveillance des habitations.
Une présence dissuasive
À la Pointe-Rouge, les deux cavaliers scrutent par-dessus les murs des maisons. « Un cambriolage, ça peut aller très vite, explique l’adjudant Lherbier,qui a au compteur 20 ans de boutique dont 13 dans la Garde. Vous partez chercher votre enfant à l’école en laissant une fenêtre ouverte et quand vous rentrez vos biens ont disparu. » Et de poursuivre : « Notre présence est dissuasive pour les cambrioleurs. Et nos chevaux sont des chevaux militaires, très grands, qui sont fait pour impressionner. Ils ont été dressés pour ne pas avoir peur de la circulation, des bus mais aussi bien sûr des pétards, des fumigènes, de la fumée... »
« On parle avec les gens du quartier »
La patrouille s’arrête un peu plus loin, au Bain des Dames. Les deux gendarmes discutent avec le patron d’une buvette. Plusieurs voitures garées devant la plage ont été fracassées il y a peu. L’équipage veut s’assurer qu’il n’y a pas eu de nouveaux problèmes. « On est une vraie police de proximité. On parle avec les gens du quartier pour voir s’ils ont repéré des choses anormales. On échange souvent aussi avec les restaurateurs de la plage de la Pointe-Rouge. Souvent les gens ne portent pas plainte mais sont heureux de nous parler des incivilités du quotidien. Et nous, on engrange tous ces renseignements et on les fait remonter. Ça permet d’anticiper les problèmes. »
« Waou ! Trop beau votre cheval ! »
Pendant que l’adjudant parle, le gendarme adjoint Célia Auladell fait signe à un automobiliste un peu trop zélé de ralentir. Toujours dans un rôle de prévention, la jeune femme demandera à un autre de mettre sa ceinture de sécurité. Un peu plus loin, deux jeunes en moto électrique l’interpellent : « Waou ! Trop beau votre cheval ! Franchement, il est magnifique ! » « C’est un classique pour nous, dit avec fierté Philippe Lherbier. Le cheval est un vecteur de chaleur humaine incroyable. Cela permet d’établir le contact beaucoup plus facilement avec la population. » Un contact tellement facile que les deux jeunes n’hésiteront pas à se plaindre auprès des gendarmes d’avoir vu un peu plus haut sur la route deux hommes en scooter s’adonnant à un rodéo. En rentrant au centre équestre Pastré, leur camp de base, les deux gendarmes pensent déjà à leur mission du lendemain : une patrouille au pied de Sainte-Victoire. Avec toujours pour maître mot la prévention auprès de la population.
J.K.
La Garde républicaine à Marseille, une volonté du Département
L’accueil dans les Bouches-du-Rhône d’un détachement équestre de la Garde républicaine constitue une première en France. C’est en effet la première fois depuis 120 ans qu’un escadron du régiment de cavalerie est délocalisé hors de Paris. À l’automne 2017, la présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, sollicite le Président de la République et obtient qu’une expérimentation soit menée d’avril à septembre 2018. Le Département participe financièrement à cette opération à hauteur de 250 000 euros. L’évaluation s’avérant positive en termes de résultats et d’image, Martine Vassal demande le maintien de ce détachement. En mai 2019, le Département et la Gendarmerie nationale signent une convention. Dans le cadre de celle-ci, le Département finance pour un montant de 220 000 euros l’achat de vans de transport et de chevaux permettant l’implantation définitive de l’unité de la Garde républicaine sur le territoire.