Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

Martine Vassal : "Je continuerai à tenir mes promesses"

À la moitié de son mandat de Présidente du Conseil départemental, Martine Vassal livre sa vision du territoire, et ses espérances pour continuer à faire grandir notre département, notre Provence.

 

Dans ce numéro spécial d’Accents de Provence, vous présentez vos réalisations depuis 2015 par bassin de vie et non pas par canton. Pour quelles raisons avoir choisi ce découpage ?

Nous avons jugé qu’il était plus opportun de travailler par bassin de vie, où les gens vivent, travaillent, pratiquent leurs loisirs. Il y a une cohérence territoriale. C’est une communauté de projets, une communauté de vision, une communauté d’actualité, avec des habitants qui se ressemblent, qui ont des liens.

Pourquoi avez-vous tenu à établir un bilan précis après trois ans d’actions ?

Sur les mandats précédents, les conseillers généraux étaient renouvelés au bout de trois ans, ce qui permettait de faire un point sur la situation. Aujourd’hui, les conseillers départementaux sont élus pour six ans. Nous avons été élus sur un programme et nous l’avons mis en application grâce aux états généraux de Provence. 98 % des propositions ont été réalisées ou mises en route, donc il nous semblait opportun de faire un point avec la population sur ce que nous avions et ce que nous allons faire jusqu’à la fin de la mandature. Surtout, je souhaitais clairement faire savoir à tous les habitants de ce département que je continuerai à tenir mes promesses. Je souhaitais aussi qu’ils se rendent bien compte que j’ai replacé le département au coeur de leurs préoccupations.

Tous les membres de votre exécutif présentent également leur bilan. Pourquoi est-ce aussi nécessaire ?

Parce qu’ils représentent le gouvernement du Département. Ils sont extrêmement engagés, avec des délégations qu’ils ont prises à bras le corps et pour lesquelles ils ont obtenu d’excellents résultats. Ce sont eux qui mènent la politique, une fois que la ligne stratégique est déterminée. Ils sont dans l’application des objectifs que nous avons fixés, donc il est tout à fait logique qu’ils puissent expliquer ce qu’ils font au quotidien. Ils le font très bien, avec beaucoup de passion, beaucoup d’envie et beaucoup de réussite.

À quelles difficultés avez-vous été confrontée lors de votre arrivée à la Présidence en 2015 ?

Quand on arrive dans une institution, qu’on connaît bien certes, mais qu’on n’a jamais managée, on est face à des habitudes de travail qui ne sont pas obligatoirement les nôtres. Il a donc fallu que les agents du Département s’adaptent aux nouvelles directives qui étaient données. Je tiens à les féliciter pour leur capacité d’adaptation qui nous a agréablement surpris.

Ensuite ce que je regrette, et ce que je regretterai toujours en tant qu’élue, c’est que les projets ne vont pas assez vite. Entre le moment de la décision et celui de la réalisation, les temps sont trop longs. On est à l’heure du numérique, où tout va très vite. Quand on met cinq ans pour construire un collège ou une caserne de pompiers, de gendarmerie ou quand il faut des années pour faire une route, je trouve que c’est beaucoup trop long. Pour la deuxième partie du mandat, je veux pouvoir accélérer ces délais de réalisation.

Si vous ne deviez choisir ou retenir qu’une seule action sur ces trois ans, laquelle serait-ce ?

La création du Conseil départemental des jeunes (CDJ). La jeunesse est pour nous primordiale. Il était très important de pouvoir mobiliser cette jeunesse et de travailler pour elle avec des actions très fortes. Je pense au Plan Charlemagne, aux stages que nous offrons aux élèves de 3e, aux sorties que nous organisons pour les collégiens dans le cadre des projets pédagogiques, notamment sur le thème du devoir de Mémoire. Je veux leur permettre de préparer leur avenir au mieux. Avec le CDJ, nous associons la jeunesse à la vision que nous avons pour notre territoire. C’est elle qui demain, sera aux manettes et représente l’avenir de la Provence. C’est elle qui vivra dans ce territoire, c’est donc pour elle que nous devons le façonner. Vous êtes très présente sur le terrain avec votre majorité et vous êtes attachée à l’équité territoriale.

Êtes-vous fière du travail accompli jusqu’ici ?

Oui parce que je suis restée fidèle au principe d’un département un et indivisible avec ses 119 communes. J’ai un profond respect pour le mandat de maire. Le maire, c’est l’élu de proximité. C’est celui qui reçoit les premières demandes des habitants. Il est fondamental de pouvoir être à son contact et à sa disposition pour qu’il puisse réaliser ses projets. Nous avons ainsi pu travailler avec les 119 communes du département, avec les intercommunalités de manière équitable. L’objectif était de favoriser des projets qui soient réalisés sur des périodes courtes, sur trois ans, pour lesquels les maires s’étaient engagés durant leur mandat devant les électeurs en 2014. Il y a aujourd’hui une équité de traitement et une transparence qui me conviennent tout à fait.

Vous avez également souhaité engager des chantiers structurants qui vont au-delà des prochaines échéances électorales, pour quelles raisons ?

Si le Département ne le faisait pas, qui le ferait ? L’État est aux abonnés absents, il faut donc que nous comptions sur nous-mêmes. Les communes ont des baisses de dotations très importantes, comme nous en avons eues aussi au Département. Mais nous avons resserré les boulons pour nous permettre de continuer notre politique. Nous n’avons plus la compétence transport, mais si nous ne mettons pas 300 millions en faveur de la Métropole, pas un seul kilomètre de tramway ou de métro ne serait réalisé. Ces investissements nous permettent aussi de créer des lignes de BHNS, des voies réservées pour les bus sur les autoroutes, la ligne ferroviaire entre Marseille et Aix-en-Provence.

Le Département est effectivement sur tous les fronts et son existence même semble remise en cause aujourd’hui. Quel est votre sentiment sur cette question là ?

Depuis qu’il a été créé, avec les lois de décentralisation de 1982, le Département est désigné comme devant disparaître. Toutes les précédentes réformes territoriales n’en ont rien fait. Je suis d’accord pour une fusion avec la Métropole, mais pas à la hussarde. Je ne veux pas un territoire qui serait thrombosé parce qu’on a décidé, depuis Paris, de monter un nouveau mécano institutionnel pour obtenir davantage d’élus... Il faut faire très attention, on ne peut pas jouer avec l’avenir des habitants.
Qui va financer l’Allocation personnalisée d’autonomie ? Qui va payer le RSA ? Qui va s’occuper des personnes handicapées ? Qui gèrera les collèges ? Qui financera l’aide aux communes ? Qui fera en sorte que les sapeurs-pompiers puissent exercer leur métier ? Ce sont des questions qu’il faut que l’on se pose, des questions sur lesquelles nous sommes en train de travailler. Nous allons faire des propositions concrètes au gouvernement. Il ne suffit pas de critiquer.

Quelles sont les grandes orientations que vous souhaitez donner justement à la suite de votre mandat ?


La difficulté, c’est que nous ne maîtrisons pas le calendrier institutionnel. Nous ne savons donc pas ce que l’État va proposer. Aurons-nous un calendrier dans le courant du mois d’avril ? Ce qui est sûr, c’est que les électeurs, qui nous donnent notre légitimité, ont prouvé qu’ils en avaient assez des promesses non tenues. Ils en ont assez de voir que leur quotidien ne s’arrange pas, ils en ont assez de ne pas voir leur pouvoir d’achat augmenter… Quel que soit l’élu, qu’il soit métropolitain, communal, départemental, régional, même parlementaire, il doit apporter des réponses et des solutions. Il faut qu’il offre la possibilité aux habitants de bien vivre sur leur territoire, d’avoir un avenir assuré, d’avoir un travail, de pouvoir se déplacer librement, de pouvoir respirer, d’avoir des loisirs qui soient à la hauteur de leurs espérances, de pouvoir permettre à leurs enfants d’être éduqués du mieux possible. Répondre à toutes ces questions, c’est pour moi le devoir des institutions et des élus de la République.

Quelle est votre vision pour ce territoire à l’horizon 2030 ?

Je veux qu’il s’impose comme la porte de l’Europe du Sud. Ce territoire est placé magnifiquement au sein de la Méditerranée, par rapport à l’Afrique, par rapport à l’Europe. Il a la chance d’avoir un aéroport international, deux gares importantes et un grand port. Ce sont des atouts majeurs pour l’attractivité. Et puis il y a une géographie et un climat qui permettent d’avoir toutes les chances de réussite. Pour 2030 ou 2040, c’est le bien vivre et même le mieux vivre qui feront grandir ce territoire. Nous futures générations en seront fières et pourront avoir le choix de vivre et de travailler dans les meilleures conditions. Le “hub” de la fibre, à Marseille, contribuera aussi à cet essor. C’est une porte grande ouverte vers l’Europe, l’Afrique et l’Asie.

Le fait que vous soyez une femme vous donne-t-il un regard différent sur les choses et sur la manière d’aborder la politique ?

Je n’ai jamais été une féministe acharnée. Le plus important, c’est la compétence. Si on est compétent dans ce qu’on fait, on peut être un homme ou une femme, on y arrive. Si on a des convictions, on peut être un homme ou une femme, on y arrive. Si on a envie, si on veut faire avancer les choses, on y arrive qu’on soit un homme ou une femme. Ce n’est pas une question de sexe mais une question de volonté, une question de conviction, une question d’engagement. Et comme disait un de mes amis : “Heureusement qu’il y a la parité, sinon les femmes auraient pris les places des hommes !”

Est-ce que vous êtes une Présidente du Conseil départemental heureuse ?

Heureuse, oui parce que c’est un beau département, un beau territoire dont je suis très fière et qui ne demande qu’à évoluer. Il y a énormément de choses à réaliser, donc je suis ravie d’être à la tête de cette institution. Je suis aussi ravie que les électeurs m’aient donné cette chance d’agir. C’est pour moi un devoir, celui de faire réussir ce territoire et ses habitants. C’est cela qui m’anime au quotidien.