Anticiper une éventuelle chute vers la délinquance, accompagner et aider les jeunes dans des quartiers en difficulté, faciliter les passerelles vers des horizons plus favorables, c’est le travail quotidien et plus que nécessaire des animateurs prévention jeunes.
Loin des clichés habituellement véhiculés par les médias, ils vivent la réalité du quotidien, notamment dans les quartiers difficiles. Les animateurs prévention jeunes sont au nombre de 37 répartis sur l’ensemble du territoire des Bouches-du-Rhône. Tous n’ont qu’un seul objectif : aider les jeunes à s’en sortir.
Employés par les centres sociaux ou les Maisons pour tous auxquels le Département accorde des financements (1,6 million d’euros en 2021), ils s’occupent chaque jour de jeunes confrontés à des problèmes de rupture sociale et familiale ou d’échec scolaire.
Une présence sociale dans les quartiers difficiles
Diplômés d’un brevet professionnel de la jeunesse et de l’éducation populaire ou d’un diplôme d’État, ils ne se considèrent pas comme de simples animateurs, endossant tour à tour plusieurs casquettes : éducateur de rue, soutien administratif, confident, médiateur, aide scolaire ou soutien familial.
En effet, s’ils assurent des missions de prévention de la marginalisation des jeunes âgés de 11 à 18 ans, en développant des actions collectives autour du sport, de la culture, des loisirs, ils effectuent bien souvent un accompagnement individuel grâce aux liens qu’ils ont pu tisser avec les jeunes, ainsi qu’un travail de rue et une présence sociale qui peut prendre la forme d’animations en
pied d’immeuble ou dans les lieux de vie et lors des événements du quartier.
Gérer des situations complexes
Car les problématiques rencontrées touchent tous les domaines de la vie quotidienne. “Je suis admirative de ce qu’ils font”, souligne Julie Arias, conseillère départementale, déléguée aux centres sociaux. “Il y a matière à faire énormément de choses en partant de la base du dispositif pour le faire évoluer, et aider ces professionnels dans leurs multiples missions. C’est ce que nous allons entreprendre ensemble”.
Et en premier lieu, un programme de formation/action élaboré en concertation entre le Département et les animateurs pour apprendre à gérer les situations complexes auxquelles ils peuvent être confrontés. Comme la relation au réseau de trafic de stupéfiants, l’utilisation des réseaux sociaux, le harcèlement et la violence ou encore les relations filles/garçons.
Cet accompagnement est nécessaire pour répondre aux besoins d’une jeunesse bien souvent en manque de repères. Ces “magiciens des quartiers” comme ils se définissent presque par boutade (lire témoignages ci-contre), sont les miroirs de cette jeunesse qui ne demande qu’à s’en sortir, malgré les difficultés.
Kémal Stadi
Coordinateur jeunesse au centre social de Saint-Gabriel, Marseille 14e
“Je suis convaincu qu’à notre modeste niveau, on contribue à aider beaucoup de jeunes, même si ce n’est pas tous. Je vois des gamins intéressés par les projets mis en place, notamment depuis la crise sanitaire dont on ressent de plein fouet les effets. Il y a eu beaucoup d’isolement et cela se traduit par de l’échec scolaire. Au sortir du confinement, les jeunes venaient simplement s’asseoir et parler. C’était un besoin. Il faut être très attentif à la réalité de cette jeunesse pour la comprendre et y répondre. C’est notre rôle à tous”.
Nabila Bounab
Animatrice au centre social de Malpassé, Marseille 13e
“Ce n’est pas facile au quotidien car au fil des années notre comportement a changé. Des collègues m’ont dit qu’ils avaient l’impression que je n’avais plus de cœur car je ne verse plus de larmes lorsqu’un jeune de mon quartier meurt. Je sens au fond de moi une banalisation et c’est grave de se dire que je me suis habituée à la mort. Mais j’ai toujours la passion et l’envie. Car au-delà des galères, il y a la joie d’aider les jeunes à s’en sortir et d'échanger avec eux. Si on donne beaucoup, il ne faut pas oublier qu’on reçoit énormément”.