Chaque année, le Département soutient des sportifs de haut niveau grâce à un dispositif de bourses. Dans la perspective des Jeux olympiques de Paris en 2024, nous faisons le portrait de ces Provençaux qui partent à conquête des médailles.
Numéro un français de sa catégorie, Nicolas Savant-Aira pratique le tennis de table handisport depuis l’âge de 8 ans. À Tokyo, il participe à ses troisièmes Olympiades avec l’ambition de ramener une ou deux médailles.
En attendant Paris…
Propos recueillis par Olivier Gaillard lors d'une interview réalisée avant les Jeux paralympiques.
DEPUIS QUAND FAITES-VOUS DU SPORT ?
Nicolas Savant-Aira : Depuis l’âge de 8 ans. Je suis né avec une malformation de la moelle épinière qui entraîne une paralysie incomplète des jambes. Et très vite, mes parents m’ont inscrit dans un club handisport. D’une part, pour mon développement physique et d’autre part, pour apprendre à être autonome. J’ai pratiqué la natation, l’athlétisme, le basket, mais quand il a fallu choisir une discipline pour le haut niveau, j’ai opté pour le tennis de table. J’ai préféré un sport de duel plutôt que de me battre contre moi-même.
À QUEL ÂGE AVEZ-VOUS COMMENCÉ LE HAUT NIVEAU ?
N.S-A : À 18 ans, je suis allé dans un club valide pour faire plus d’entraînements et avoir plus d’adversité, et c’est à 23 ans que j’ai connu ma première sélection en équipe de France. J’ai aujourd’hui 40 ans et j’y suis encore !
QUELLE EST LA PARTICULARITÉ DE VOTRE SPORT ?
N.S-A : C’est un sport que l’on peut pratiquer très longtemps où le côté mental et psychologique est essentiel. Il faut savoir utiliser son expérience pour parfois déjouer le côté tactique. En début de match, on sait pratiquement dès l’échauffement quel est le point fort ou le point faible de l’adversaire. Mon jeu est celui de la défense et de la contre-attaque. Je m’adapte donc au jeu de l’autre.
CE SONT VOS 3e JEUX PARALYMPIQUES. QUEL SOUVENIR GARDEZ-VOUS DES PREMIERS ?
N.S-A : C’était à Londres en 2012 et c’était un rêve. Au cours du défilé, habituellement il n’y a pas grand monde dans les tribunes. Là, il y avait 80 000 spectateurs. Un moment inoubliable d’autant plus que j’ai été médaillé de bronze par équipe, devant ma famille. Ce qui a contrasté avec ceux de Rio quatre ans plus tard où je suis passé complètement à côté. En me mettant une pression inutile, le mental a failli.
CELA VOUS A-T-IL SERVI POUR LA SUITE ?
N.S-A : Oui, ça a été un déclic. Tout de suite après, j’ai été aidé par une préparatrice mentale qui me suit encore aujourd’hui. On travaille sur les avantmatchs, la gestion des points gagnés ou perdus, l’attitude à adopter pour canaliser rmon énergie et éviter le stress. Par ailleurs, je suis aussi suivi par un kiné physio présent à la moindre alerte. Mes épaules, c’est mes jambes donc je n’ai pas le droit de flancher.
COMMENT VOUS SENTEZ-VOUS À L’ABORD DE CES JEUX* ?
N.S-A : Tous les voyants sont au vert. Je suis prêt physiquement, mentalement et surtout j’ai envie d’en découdre. Avec la crise sanitaire, ça fait un an et demi que nous n’avons pas eu de compétitions et ça manque. À Tokyo, il y aura les 12 meilleurs mondiaux et j’espère pouvoir décrocher une médaille en individuel et peut-être la plus belle par équipe.
CONCILIER VIE PROFESSIONNELLE ET ENTRAÎNEMENT, C’EST DIFFICILE ?
N.S-A : D’un côté comme de l’autre, tout est question d’organisation. Je suis chef de projet informatique dans une société de logistique à Orgon, et mon travail en équipe est planifié en fonction de mes compétitions. J’ai l’avantage d’avoir des heures aménagées pour pouvoir m’entraîner mais surtout, mon employeur me soutient à fond dans ma démarche sportive. Ils ont compris que pour être performant dans le travail, il me fallait l’être dans le sport. C’est essentiel pour moi.
SI VOUS N’AVIEZ PAS EU VOTRE HANDICAP, QUEL SPORT AURIEZ-VOUS PRATIQUÉ ?
N.S-A : Sans conteste un sport collectif. J’adore partager. Le tennis de table est un sport individuel mais je me régale dans la compétition par équipes. Alors pour faire plaisir à mon père, j’aurais sans doute fait du foot, comme tous les jeunes d’ici. Mais le sport que je préfère reste le handball. Ça, ça m’aurait plu.
ET LES JO DE PARIS EN 2024, VOUS Y PENSEZ ?
N.S-A : J’en ai énormément envie. Tant que le mental et le physique seront là, c’est possible et réalisable. D’autant plus que dans ma catégorie, je ne suis ni le plus vieux ni le plus jeune. Mais pour ça il faut que je continue à avoir de la rigueur dans l’entraînement, et une bonne hygiène de vie. Mais Paris, oui, ce serait fou !
" LA BOURSE DÉPARTEMENTALE M’AIDE DANS MON QUOTIDIEN SPORTIF "
Je n’ai pas de partenaire privé. La bourse que je reçois du Département me permet de financer une préparatrice mentale, d’aller faire des tournois ou de m’acheter du matériel. Une raquette coûte 150 euros et je la change tous les mois. Mais ça m’a aussi aidé dans l’achat de mon fauteuil roulant. Ça permet d’améliorer ma performance sportive et ma préparation. Depuis que je fais du sport de haut niveau le Département est là.
SON PALMARÈS :
- Médaillé de bronze par équipe aux JO paralympiques de Londres en 2012
- Champion d’Europe individuel en 2011
- Champion d’Europe par équipe en 2007, 2013 et 2017
- Vice-champion d’Europe individuel en 2009 et 2017
- Médaille de bronze aux championnats du monde en 2014
- 0 fois champion de France individuel et 4 fois en double messieurs