Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

Caroline Cruveillier : la vie à poings fermés

Caroline Cruveillier a 22 ans et déjà une ambition affirmée. Cette boxeuse née à Istres ne s’embarrasse ni de préjugés ni d’interdits et s’autorise tout. Y compris d’être un jour championne olympique. Pourquoi pas cet été ?

À la voir de prime abord, elle semblerait frêle et fragile. Comme un papillon que l’on voudrait protéger. Mais c’est quand elle met ses gants et qu’elle tutoie le sac de boxe que l’on prend un uppercut. Cette jeune fille de 54 kilos (le poids de sa catégorie) est tout sauf fragile. Boxeuse depuis l’âge de 13 ans, c’est en suivant son frère dans une salle de boxe qu’elle a encaissé le coup : c’était ça qui lui plaisait.

Au grand dam de sa mère, très rapidement, elle franchit les étapes, s’entraîne avec “les grands”, commence à s’amuser et à aimer cette ambiance familiale. Mais le ring n’est pas une cour de récréation. Ici c’est du sérieux. “Ce qui me plaît, c’est l’affrontement, ne pas me reposer sur quelqu’un et ne dépendre que de moi. C’est pour ça que je n’aime pas les sports collectifs”. Entre temps, face à sa volonté, sa mère s’est ralliée à sa cause, allant même jusqu’à assister à quelques entraînements.

DIPLÔMÉE EN GESTION DES ENTREPRISES

Pour assurer ses arrières, elle décroche un DUT gestion des entreprises et administration mais ne lâche pas les gants pour autant. Bien au contraire ! Licenciée au “Noble Art du Pays d’Aix”, elle fait appel en 2018 à un nouvel entraîneur, Nadjib Mohammedi, qui la prend sous son aile, afin de franchir un palier. “Je lui ai dit la porte est ouverte dans les deux sens. Tu peux entrer ou sortir. C’est ton choix”, se souvient-il. Et derrière son sourire enjôleur, on sent bien que l'actuel 15e mondial des mi-lourds ne rigole pas.

Si Caroline veut y arriver, il faudra le vouloir vraiment. Quatre mois après le début de leur collaboration, elle devient championne de France Élite. Une consécration. “Quand tu gagnes et qu’on te lève le bras pour te déclarer vainqueur, c’est comme si ton coeur était sur le tapis.

Cette sensation, elle dure une demi-seconde, mais après tu veux tout le temps aller la chercher. C’est pour ça que je m’entraîne”. Mais la crise sanitaire et une opération au poignet ont temporisé sa marche en avant.

Aujourd’hui, elle alterne séances de kiné et séances d’entraînement au centre sportif “Z5” du côté de Luynes, et ronge son gant en attendant de relever les futurs défis. Le premier est peut-être de convaincre tous ceux qui ne croient pas encore en elle. Les coups viennent parfois de ceux auxquels on ne s'attend pas. Mais Caroline a la tête dure. “Je pense qu’il ne faut pas aimer les coups. Notre corps n’est pas fait pour ça. J’essaie d’en prendre le moins possible”. Ça s’appelle l’esquive.

LES JO EN POINT DE MIRE

Contrairement à l’idée reçue, être une femme dans la boxe ne lui pose aucun problème. Pour une femme ou un homme, l’essentiel est de faire sa place. Et elle l'a acquise en 2019, en devenant championne de France. Ce titre lui ouvre alors les portes de la reconnaissance. Soutenue par le Département, elle obtient la bourse individuelle d’accompagnement pour les athlètes de haut niveau qui résident dans les Bouches-du-Rhône. Dans le même temps, elle intègre la FDJ Sport Factory, pépinière d’athlètes en devenir olympique.

Car l’objectif est bien là : décrocher une médaille aux prochains JO de Tokyo, voire à Paris en 2024, pour couronner sa carrière d’amateur. Pour peut-être ensuite devenir professionnelle jusqu’à être sacrée championne du monde. Le papillon aura alors définitivement pris son envol.

LA BOXE AMATEUR DANS LE DÉPARTEMENT…
Considérée comme le “Noble art”, la boxe tient une place importante sur le territoire. Pour preuve, on compte 37 clubs affiliés à la Fédération française de boxe, soit 1 549 licenciés, dont la moitié a moins de 18 ans. C’est pourquoi le Département soutient ce sport par le biais des bourses de haut niveau attribuées à deux athlètes (Caroline Cruveillier et Salma Friga), et a consacré à la discipline en 2020 une subvention de 59 170 euros.

SON PALMARÈS

Malgré son jeune âge, Caroline Cruveillier a déjà un palmarès bien fourni. C’est en 2019 qu’elle a remporté des victoires essentielles pour sa carrière.

  • Championne d’Europe des moins de 22 ans (poids coqs / -54 kilos)
  • Championne de France (poids coqs / -54 kilos)
  • Vice-championne du monde Élite (poids coqs/ -54 kilos)
  • Médaillée de bronze aux championnats d’Europe Élite (poids coqs / -54 kilos)