Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

La Provence, un trésor à préserver

La Provence est un formidable réservoir de biodiversité. Sa préservation, essentielle dans la lutte contre le réchauffement climatique, figure comme l’une des priorités de l’Agenda environnemental. Thierry Tatoni en explique les grands enjeux dans le département.

Questions à Thierry Tatoni
Directeur de l’Institut méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie marine et continentale (IMBE)
Aix-Marseille Université..

La Provence figure parmi les 34 “hot spots” mondiaux de la biodiversité, pourquoi ?

Notre quotidien dépend de la biodiversité et des services qu’elle nous rend. La forêt provençale, ses pins d’Alep et ses chênes verts permettent de tamponner les effets du réchauffement climatique, en absorbant les émissions de gaz à effet de serre. Dans notre département, les espèces se sont adaptées au climat méditerranéen. Cette force d’adaptation a fait naître une variété d’espèces arides, humides et tempérées et la steppe de la Crau, l’unique de France. Mais à l’arrivée, cette richesse fait de la Provence un “hot spot” mondial de la biodiversité, car elle se trouve au coeur d’une des plus grandes métropoles de France, menacée par l’urbanisation, l’activité industrielle, l’artificialisation des sols.

Comment peut-on agir à l’échelle territoriale ?

Il ne s’agit pas de remettre en question nos villes ou nos industries mais de combiner harmonieusement la nature avec l’activité humaine en menant une réflexion globale sur les enjeux humains et écologiques à l’échelle de la métropole. Et de travailler sur le lien ville-nature pour créer une ville où l’homme se sent bien, pour éviter notamment le phénomène de périurbanisation où chacun va chercher un carré de vert aux limites des grandes villes générant là encore des besoins en déplacement, la désertification des centres-villes et la disparition de l’agriculture péri-urbaine.

Peut-on être optimiste pour notre biodiversité ?

Notre biodiversité est menacée mais dans ce département, nous avons la chance d’avoir de nombreux espaces naturels protégés. Le Parc national des Calanques, les Parcs naturels régionaux de Camargue, Sainte-Baume, des Alpilles, les réserves naturelles, le site Sainte-Victoire. Bref, des outils remarquables d’aménagement du territoire dotés d’une véritable ingénierie.

Par leur mission d’accueil du public, ces espaces jouent également un rôle de sensibilisation et suffisent à satisfaire la demande en nature. Ici, on a tout ce qu’il faut, on n’a pas besoin d’inventer, il faut juste faire marcher ce qu’on a : un territoire exceptionnel, la force d’une métropole, le savoir-faire des gestionnaires d’espaces naturels, un des plus importants pôles universitaires avec une réelle expertise.

Nous n’avons pas le droit de nous rater. Mais attention, il y a urgence à agir et à réunir nos forces !


DES CHERCHEURS EN HERBE POUR LA BIODIVERSITÉ

Observer la nature et ses changements au fil des saisons pour aider les scientifiques à mieux connaître les effets du changement climatique sur les espèces, c’est ce que propose l’Observatoire des saisons de Provence aux élèves de 33 collèges des Bouches-du- Rhône. Un dispositif inédit de sciences participatives lancé en 2015 par le Département en partenariat avec l’IMBE.

Astragale de Marseille, Arbre de Judée, cerisiers… Les modifications saisonnières de 18 espèces sont ainsi répertoriées par les collégiens et transmises aux chercheurs de l’IMBE selon un protocole scientifique.

Ce programme est ouvert à tous les citoyens désireux d’apporter leur pierre à l’édifice en collectant des données dans leur environnement proche. Une cinquantaine d’habitants y sont inscrits et près de 250 observations datées ont été collectées en trois ans par l’ODS Provence. www.obs-saisons.fr/odsprovence

Espaces naturels sensibles : une priorité pour le Département

C’est un territoire où se croisent des espèces naturelles exceptionnelles, où un bout de calanque fait penser à la plus belle des îles grecques.

17 000 HECTARES D’ESPACES NATURELS

Mais c’est aussi un territoire fragile dont la sauvegarde est essentielle pour l’équilibre entre urbanisation et préservation naturelle. Avec plus de 17 000 hectares de parcs et domaines qu’il aménage et ouvre au public, le Département est le premier département de France propriétaire d’espaces naturels. Cela lui confère une responsabilité essentielle.

LES SAPEURS-POMPIERS AU COEUR DU DISPOSITIF

D’autant plus que Calanques, Camargue ou Sainte-Victoire sont des sites emblématiques connus bien au-delà de nos frontières. Le Département mène tout au long de l’année de nombreuses actions permettant l’ouverture au public de l’ensemble des domaines de façon responsable et réglementée.

Mais il est indispensable de préserver ces lieux uniques contre les incendies.

Ce que fait le Département avec son action importante dans la Défense de la Forêt contre les incendies : entretien des massifs, prévention et intervention pendant la période estivale conjointement avec le Service d’Incendie de Secours.

PLUS DE VERT DANS NOS VILLES

Se partager la récolte de fruits et légumes, échanger sur les pratiques avec ses voisins et réintroduire la nature en ville, les jardins urbains remplissent de multiples fonctions. Le Département, qui finance déjà une quarantaine d’associations pour la création et le développement de jardins partagés, va renforcer, dans le cadre de l’Agenda environnemental, son soutien aux projets de jardins partagés, collectifs et citoyens. Il entend également agir directement, la collectivité prévoit de créer, sur une parcelle départementale, un jardin exemplaire dont il confiera l’exploitation à une association dans le cadre d’un appel à projets.

Corinne CHABAUD
Conseillère départementale,
aux Domaines départementaux

“Couvrant 3,35 % du territoire, les domaines départementaux sont les véritables poumons verts des Bouches-du-Rhône. Cela confère à notre collectivité une responsabilité essentielle dans la préservation des espaces naturels sensibles, alors que de multiples périls comme les incendies ou les pollutions les menacent. Grâce au travail des agents et à l’engagement des associations, nous parvenons à sauvegarder ce patrimoine environnemental.”